Je ne sais pas si BYREL se produit encore.
La capsule à vis de cette bouteille possède une "Marianne" pré-imprimée. Le petit fond de VDN qui y restait était infâme, vraisemblablement très vieux.
Au-delà de l'étiquette kitsch, bien dans le style "tonique et hygiénique" de la maison des frères Violet et surtout de la lignée du CDC des années '60, toute la production du "Grand Roussillon" et de la cave de Thuir revêt pour moi un peu la nostalgie des madeleines de Proust. Le Castillet, le Canigou, les grappes bachiques ... Il manque à peine la faucille et le marteau des staliniens de l'époque, même si ce folklore n'avait sans doute pas cours dans la capitale de l'Aspres.
Le CDC, ce n'est évidemment pas le Center for Disease Control de Géorgie qui faisait partie de ma vie professionnelle à la maturité. Ce sigle signait la Compagnie Dubonnet Cinzano née en 1954 et qui allait finir par racheter Byrrh, ne laissant au descendant des Violet qu'un petit jeton de présence lors des AG. Or, Cusenier (ainsi que Pernod et Ricard) faisait partie de l'actionnariat de cette société. C'est ainsi que Gilles Cusenier-Cugnier fait son apparition dans mon histoire. Ce médecin ophtalmologiste et sa femme, Monique, également ophtalmo, tous deux établis à Vesoul, sont devenus amis de ma mère, excellents amis même, après leur rencontre lors de réunions scientifiques. Alors que j'avais 18 ans, et bricolait un peu, je suis allé rafistoler pour eux toute une série de petits défauts, de petites pannes, dans la "Maison du Cardinal" qu'ils occupaient à Luxeuil. Gilles était aussi conservateur des antiquités de la Haute-Saône (peut-être même de toute la Franche-Comté) pour le compte de l'état français. Il y avait notamment une arielle dans une tour d'angle (échauguette) en forme de poivrière dont les fenêtres en vitrail ne se fermaient plus que par une grande magie. Pas un seul artisan professionnel ne tenait à effectuer la réfection vu que ce bâtiment, évidemment classé, imposait des normes impossibles à respecter (vive la France et ses architectes de l'état). Moi, innocent petit étranger, j'ai seulement fait en sorte que le tout "tienne encore ensemble", à l'époque. Lorsque la famille Cusenier (et ses branches) a laissé son portefeuille à Pernod-Ricard, Gilles et sa femme sont venus s'installer à Paris. Ils ont abandonné la maison de Luxeuil pour investir d'abord la rue de Rivoli, où ils m'ont régulièrement prêté un petit "pied-à-terre" au-dessus de l'appartement de Francis Huster (jeune), puis avenue de l'Opéra et enfin au coin du Parc Monceau, où Monique, restée veuve, habite encore à ce jour. Je lui rends visite de temps à autre et vais draguer les jeunes mamans et les nannies britanniques, polonaises ou roumaines poussant les landeaux dans les allées du parc ou au pied de la Rotonde de Ledoux.
Comme dans les chansons de Jacques Brel, nous n'étions pas toujours d'accord. Catholiques fervents et libéraux convaincus, ils ne me suivaient pas dans ma ligne politique. Par contre, un goût pour le beau, en musique et en architecture, et une passion pathologique pour le calembour, le contrepet et le mot d'esprit m'unissaient à Gilles. En outre, une cousine à eux habitait Fougerolles et le kirsch, ainsi que quelques autres eaux-de-vie qui s'y élaboraient, recevaient de temps à autre notre visite commune et attentive. Nous étions réunis par le foie sinon par la foi.
Vous voyez que le Grand Roussillon mène à tout!
PS: feu Gilles et mon ami Marc Domb ont un point commun spectaculaire. Ils mangent à la vitesse de l'éclair, ayant fini avant tout le monde Et Gilles pressait son monde pour débarrasser les assiettes, laissant la place au service suivant.
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Erik Bruyland (Saturday, 17 February 2018 17:22)
http://www.retroscoop.com/food.php?artikel=133
Luc, een zeer interessante link voor de geschiedenis van het merk BYRRH