Pas forcément,
d'ailleurs la bouteille est vide!
Quand je relis ma toute première fiche technique pour ce vin, je me marre devant mes prévisions de buvabilité.
Je pensais en toute sincérité qu'il faudrait au moins dix ans pour qu'il commençât à s'ouvrir un peu. Or, en dépit de la capsule à vis qui le ralentit, mon "casot 2008" procure dès à présent un plaisir intense. Oh, si le poulsard (quartz) primeur ou bien le pinot noir version île de Ré sont votre tasse de thé, vous n'aimerez pas mon moka à moi.
Je l'ai vendangé au début octobre 2008, d'où son millésime (!) et il n'y en a eu que 900 bts de 75 cl en tout. Il contient tout le grenache du lieu dit Coumo d'en Miquelet, à présent hélas abandonné par détresse intense. Monsieur Besnier, le chantre du lait pasteurisé pourtant, ne nous dit pas comment il fait pour conserver si longtemps des entérobactéries en pleine phase de reproduction. Cela fait partie des secrets de fabrication des laits maternisés de son groupe. Moi, si vous êtes sages, je vous livrerai les miens, mais pas la composition exacte de ce grand rouge.
Il a macéré environ 40 jours, a sagement fait sa malo malgré 16,3 vol% d'alcool et peu de substrat malique; n'a pas été collé, ni filtré et à peine resulfité. A l'époque, je n'essayais pas encore de réduire totalement à zéro cet additif au moment de la mise. Mon oenoiogue chéri avait encore un peu d'influence maléfique sur moi. Je le salue d'ailleurs: il passe comme chaque année ses congés en Asie pour le moment.
Le 14 février, à LF, c'est le jour de la Saint Valentin de la même manière que le dimanche est le jour de mariage à Bamako. On n'y peut rien. Notre Christine, pratiquant la méthode des dominos à l'envers, édifie l'un après l'autre les plots - on parle d'ailleurs au sein du village de ses ploplos - de son domaine et notre énergie, ainsi que le nerf de la guerre, se concentre sur cette entreprise. On n'a pas regardé les milliardaires de la Champions' League courir à 22 derrière une seule calebasse et on ne s'est pas assis chez un de nos cuisiniers chéris, par exception.
J'ai ouvert un crémant rosé de chez Gilg. j'ai rissolé quelques Pecten maximus ("Ah, la scallop'eu, viens ouvrir ta valve bien propr'eu ...") et puis j'ai simplement rôti une pièce de charolais bardé. C'est ici que le casot intervient: robe encore très noire (petit dépôt laissé dans la bouteille), nez de cerise foncée, de menthol et de goudron, beaucoup de goudron. Je recommande d'ailleurs ce vin contre le psoriasis. En bouche, le fruit est encore croquant et la sensation est douceâtre: glycérol, gros soutien alcoolique, pas de sucre résiduel du tout. Les tanins sont fondus.
Je me suis RE-GA-LE.
Il me reste plus de 600 bts à ce jour (sauf erreur de mémoire, mon inventaire réel est précis)
et je vous incite à en mettre un peu en cave, ou sur votre table*.
*: Qui a dit que je suis un vendeur pitoyable?
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