Tous les membres du Floyd ont émis
un avis très négatif sur cet album.
Il a pourtant atteint la première place dans les charts au UK (en 1970). Et moi je l'ai beaucoup écouté (en vinyle d'abord) et continue de l'apprécier. Et à l'époque, ces quatre jeunes gens ont été bien contents des sous engrangés.
Mais ce n'est pas mon propos. Le salon de l'agriculture de Paris ferme ses portes et je suis de plus en plus inquiet concernant mon alimentation (et celle des générations à venir), mais aussi concernant la survie à moyen terme de l'humain sur terre. Enfin, inquiet est un grand mot. La planète continuera de tourner sans nous, et probablement de manière plus harmonieuse, thermodynamiquement parlant.
Oublions d'emblée la volonté des politiques, ici ou ailleurs, et le ministre Hulot en tête.
Jetons un oeil aux consommateurs.
Certains, les plus nombreux je crois, ne se posent aucune question. Ils empiffrent leur macdo, leur Kronenbourg, leur Olida et leur Société, au plus bas prix possible. Pire: ils aiment cela.
Une autre catégorie aimerait manger plus sain - whatever this means - mais rechigne devant le surcoût, réel ou supposé. Et surtout, ils ne veulent pas faire l'effort (déplacement, temps, initiative, organisation) d'aller chercher du "bon" ailleurs que dans les centres commerciaux (petits ou grands).
Une troisième, à laquelle j'appartiens, fait généralement cet effort, mais pas toujours.
Enfin, il y a les puristes, qui rentrent en "équitable", en bio, en local, en durable comme en religion. Je ne suis pas sûr qu'ils essaient même d'en tirer un plaisir gustatif. C'est purement politique et philosophique, comme certaines féministes de l'extrême.
Regardons maintenant les syndicats d'agriculteurs. Ils défendent le revenu de leurs adhérents. C'est leur rôle.
Les vignerons sont un sous-groupe peut-être un rien plus vertueux que le reste des agriculteurs. Cela tient sans doute au fait que notre production n'est pas un produit de première nécessité. Sa qualité gustative joue un rôle plus grand, même si elle est difficile à définir, et la communication a une grande influence, pouvant générer des marges contre toute logique. Il suffit de prendre en exemple les champagnes de marque ou les cognacs extravagants. On peut donc - parfois - se payer le luxe de la "propreté" chimique.
Mon collaborateur, José, s'est presque fâché contre moi, la dernière fois que nous avons abordé ce sujet. Il fait ce que je dis (peut-être) dans son travail sur mes parcelles, mais possède 14 ha de vignes à lui, qu'il mène en coopérative. Et ça traite!
Il m'a dit, et il n'a sans doute pas tort: " Si on enlève le glyphosate, plus personne dans des structures comme la mienne ne gagnera sa vie, si peu soit-il". Et il est prêt à une émeute pour défendre sa croûte. Je le comprends. Mais il ne se pose aucune des autres questions, ni lui, ni 80 % (chiffre sans réelle justification statistique mais peu importe, vous comprenez ce que je veux dire) des agriculteurs.
Que faire?
A. Imposer un changement radical d'agriculture, vite et autoritairement.
Si j'étais encore au stade magique (tout puissant) de mon développement, c'est évidemment ce que je choisirais. Mais je nationaliserais toutes les banques, rendrais les transports gratuits, diminuerais l'échelle des revenus ... En fait, presque le programme commun de la gauche de 1981 que "la Mitte" a coulé dès qu'il a pu. J'ai dépassé ce stade bienheureux et donc ... cela ne sera pas. "Sous les pavés la plage" mais dans la poubelle les utopies également!
B. Ne rien faire. Et c'est cela qui va se passer. Les consommateurs veulent des produits pas chers. La GD veut faire sa marge là-dessus et de manière monopolistique. Les agriculteurs veulent continuer à vivre (même mal) de leurs fermes. Les industriels de la pétrochimie veulent continuer à vendre leur poison. Et les politiques veulent continuer à se faire engraisser par la filière.
C. Accompagner, non pas sur des décennies mais sur quelques années, un glissement vers une agriculture plus propre, voire même propre tout court. Je pense que c'est envisageable, mais sur une échelle planétaire. Pas gagné d'avance. Trotsky avait tort sur les vertus du collectivisme, mais il avait raison sur le fait qu'il fallait internationaliser les luttes sociales pour plus d'équité. Verdaguer y a mis fin. Je ne crois pas qu'une politique des petits pas soit envisageable.
D. Attendre que l"espèce humaine s'autodétruise, soit par un accident nucléaire, soit par la descente inexorable vers la toxicité de notre alimentation menant à des dérèglements métaboliques, génétiques, immunologiques qui nous feront disparaître. Cela ira beaucoup plus vite que pour les dinosaures, plus vite que pour le mammouth, plus vite même que pour le dernier Indien d'Amazonie.
Mais Raymond Lévesque l'a bien écrit: "Et nous, nous serons morts, mon frère!".
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