SOUPE A LA GRI/LIMACE

On parie?
On parie?

 

 

 

J'ai lu un "faits divers" particulièrement

stupide et à l'issue désastreuse.

 

 

 

 

 

 

 

Suite à un pari, un adolescent des antipodes a mangé une limace. Le reste de l'histoire tourne plutôt à la soupe à la grimace. Il a développé une méningite à éosinophiles et restera quadriplégique à vie, après avoir passé de très longs mois en réanimation. 

 

Qu'est-ce que cela vient faire dans le "blog à Léon"? 

 

Cela y trouve toute sa place, car la pathologie de ce gamin gagne du terrain dans le monde et pourrait vous arriver ... avec une probabilité encore faible en Europe actuellement.

 

Une méningite, on sait ce que c'est. C'est même une des affections pour lesquelles certaines formes, microbiennes, peuvent être prévenues par des vaccins chez l'enfant et pour lesquelles la vaccination me paraît hautement recommandable. Pourtant, je ne  suis pas un défenseur inconditionnel et universel de cette pratique.

 

Une méningite à éosinophiles est une maladie rare, dont l'apparence clinique ne se distingue en aucune manière des autres formes d'infection du cerveau, mais pour laquelle on retrouve un nombre important d'éosinophiles (une des catégories de globules blancs) dans le liquide obtenu lors de la ponction lombaire. Je mens un  peu: d'ordinaire il n'y a pas de fièvre, ou si peu, dans le tableau clinique, alors que les autres méningites présentent fréquemment des épisodes fébriles.

 

Pourquoi fait-on une méningite à éosinophiles? En d'autres termes, quelles sont ses causes?

Je vais vous tenir en haleine et vous allez ... en baver

 

Tout d'abord, les personnes qui, comme mon frère, sont porteuses d'une dérivation du liquide céphalo-rachidien, peuvent parfois développer ce syndrome, par une sorte d'allergie. De même, il existe un syndrome hyperéosinophilique dont on ne connaît pas vraiment la prévalence dans la population générale. Ces gens, sans aucune autre cause démontrable, ont "trop" d'éosinophiles dans le sang circulant. Et parfois cette situation déclenche des réactions dans différents systèmes d'organes; notamment le système nerveux. Rien de tout ça chez notre parieur imprudent.

 

Ensuite, certaines pathologies malignes des lignées sanguines, leucémie, maladie de Hodgkin, autres lymphomes ... entraînent cette situation. mais ce n'était pas le cas ici.

 

Certains champignons microscopiques (Coccidioides immitis, Cryptococcus neoformans) donnent aussi exceptionnellement naissance à ce type de réaction. Et des virus entrent en ligne de compte aussi. Certains cas de syphilis, de tuberculose et de la fameuse et poétique "Roky Mountain Spotted Fever" bien connue des amateurs de gaz de schiste aussi. Mais que nenni.

 

Il nous reste ... les médicaments et produits chimiques: certains antibiotiques (quinolones, glycopeptides, aminoglycosides), des anti-inflammatoires (ibuprofène), des produits de contraste radiologique ... Eh bien non!

 

En fait, depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, au départ de certains pays asiatiques (Thaïlande entre autres), toute l'Asie du sud-est et le bassin pacifique, mais aussi d'autres coins du globe comme Puerto Rico (et un cas avéré en Floride), voire même les îles Canaries ont vu éclore des cas d'infection avec un nématode, Angiostrongylus cantonensis, qui parasite ... les escargots et les limaces. Souvent, ces animaux sont contaminés par l'urine des rats. A l'inverse de ce gamin, ce n'est que rarement la limace qui nous infeste, mais les escargots insuffisamment cuits, voire la salade sur laquelle ils circulent, ou même du poisson. C'est également une maladie des cuistots asiatiques de restaurants de poisson. Une raison de plus pour ne pas manger de sushi, outre le fait que c'est rarement délicieux. 

 

En Europe (Canaries exclues), les cas répertoriés sont d'importation, concernant des voyageurs dans les contrées endémiques. Mais, la world cuisine aidant et le réchauffement climatique profitant aux gastéropodes, il faut se méfier.

 

Attention, on dénombrait environ 100 nouveaux cas par an dans le monde. Il faut donc y penser devant un tableau de méningite chez un bouffeur d'escargots, mais ce n'est pas la première idée qui doit venir à l'esprit.

 

Tiens, mais j'y pense: et si c'était SLOW-food qui était à la base de tout cela ... ?

(escargots) 

 

 

 

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Comments: 1
  • #1

    Michel (Wednesday, 14 March 2018)

    Un commentaire intelligent sur un fait divers provenant de la presse, vive la neurogenèse !