CUISINE ET POLITIQUE LOCALES

Joli portrait du couple
Joli portrait du couple

 

 

J'ai pris de "vraies" lunettes de vue, malheureusement insuffisantes

pour corriger totalement l'atteinte cornéenne qui m'afflige,

et j'ai parcouru "Cap Leucate".

 

 

 

 

 

Ce pamphlet édité par la municipalité, plutôt à sa gloire mais, pour avoir été un administré départemental du défunt Christian Bourquin, je ne m'émeus plus de ce fait en France, présente notre voisin de chef sur la page de couverture du dernier numéro. Moi, j'ai repiqué en page 15 le très joli portrait du couple qui y sert d'illustration.

Je vais m'assurer auprès d'eux que j'en ai le droit.

 

Et ceci me sert de point de départ à une divagation intellectuelle. Vous savez que je les adore.

La politique française était déroutante, pour un voyageur persan (perçant?)  comme moi. Son opposition droite/gauche entre une droite libérale en quête d'identité vraie et une gauche qui n'en était pas une, flanquées par un collectivisme à la stalinienne en perte d'audience et une extrême droite fascisante au succès fluctuant, a volé en éclats.

 

Je ne suis pas un fervent défenseur de M. Macron, c'est le moins qu'on puisse dire. Je n'aime pas son parcours personnel, son absence de compétence technique en dehors des mécanismes financiers purs, sa progression hâtive, ses attaches avec ce que le monde de la banque compte de pire, son sourire faux et mielleux, son absence d'ancrage politique clair (je parle des idées , pas d'une faction), sa facilité à retourner sa veste et ses alliances ... 

Mais il faut lui laisser une chose: profitant de l'air du temps, qui favorisait cette évolution, il a contribué à faire se désagréger ce clivage artificiel. Attention, je pense que des notions comme "la gauche" ou "la droite" existent bel et bien, mais elles ne se traduisaient plus vraiment dans les représentations politiques de pas mal de pays de l'UE. A présent, hélas, la droite la plus extrême reprend du poil de la bête dans certains états membres. Mais la gauche est quasiment absente. Je crois que cette dernière, par essence, doit être révolutionnaire et nous ne sommes pas assez malheureux (pour le plus grand nombre d'entre nous) pour accepter le risque et la violence des soulèvements de la rue. Ce n'est que ma modeste analyse. En outre, l'utopie communiste, un des plus grands fiascos de l'histoire de l'humanité, a mis un siècle plein à tous nous dégoûter. On n'est pas près d'y revenir, ni prêts pour cela. 

 

Quel rapport avec mon sujet, le chef et sa femme?

Prenez patience, j'y viens. Le maire de Leucate, d'après sa biographie officielle, provient d'une famille bipolarisée entre une maman catholique fervente et un papa adepte de l'Huma. Il est entré en politique très jeune, marqué par l'aura de Jacques Chirac. Et il a été le plus jeune maire de France, jadis.

 

Je ne l'ai jamais rencontré. Je suis un résident catalan, mais passe beaucoup de temps dans un hameau de Leucate depuis plusieurs années à présent: Christine y a élu domicile. Ce que j'en vois est une municipalité assez sereine: pas ou très peu de gros projets de promoteurs immobiliers, peu de désordre urbain, peu de troubles et un nombre important de manifestations qui s'inscrivent pourtant dans un cadre de liberté citoyenne. On n'est pas dans un resort pour octogénaires comme en Floride; on ne se sent pas comme dans un village cocaïné pour friqués et vedettes du show-biz à la Barclay ou à la Smet; on ne déambule pas non plus dans une "ville balnéaire" prolo de chez prolo comme à Brighton, Blankenberge ou Scheveningen. 

 

Franchement, peut-être est-ce parce que je vieillis moi-même, mais je me sens à l'aise à LF.

 

Et pour manger?

Tout d'abord, nous avons rapidement relégué au placard la plaque de cuisson gaz/électricité qui suffisait quand c'est "Tonton" qu'on régalait. Non pas parce qu'on le traitait mal, mais bien parce qu'il n'était pas un fanatique de mets plus compliqués et se réjouissait d'une cuisine très simple. Je me souviens d'un séjour où il nous avait accompagnés chez le talentueux Gérald Garcia, dans sa belle Hostellerie de la Pomarède. entre Castelnaudary et Revel. C'est le cassoulet du chef étoilé qu'il avait retenu, dans du grès de chez les frères Not quand même. 

 

L'offre en restauration sur le village - et aux alentours - n'est pas pauvre. Mais je mange rarement mieux ailleurs que chez moi: on dit que ma tambouille est savoureuse et Christine serait plutôt bonne pâtissière. Nous n'avons pas encore "essayé" le pizzaiolo de Leucate-Village, qu'on dit excellent, car nous ne faisons pas d'infidélités à ... Luc de Perpignan, compagnon d'école de Christophe Comes. Sinon, c'est à Peyriac-de-Mer ou à Bages que je vais me goinfrer d'anguilles, et à Gruissan que je trouve mon "petit restaurant" préféré.

Sorti de cela, les vrais "festins de proximité" se prennent à Narbonne (chez Lionel Giraud), à Perpignan (chez Christophe, justement) ou à Carcassonne, où le sommelier de la Barbacane, Baptiste Ross-Bonneau, nous accueille toujours si gentiment.

 

Le maire a tenté une première fois d'attirer un virtuose du piano de cuisson sur la falaise qui domine la Grande Bleue. Le projet ne faisait pas l'unanimité et moi-même je nourrissais quelque réticence à voir s'installer une cantine  en zone Natura 2000. Mais bon, cette activité peu polluante - si on gère bien ses détritus - et peu génératrice de nuisances apporte en échange beaucoup de "plus" dans la balance. Le premier établissement n'a pas tenu, ni son rang, ni ses promesses, ni dans le temps, alors que le talent professionnel pur du chef en lui-même n'était pas en cause. 

 

Une grosse année plus tard, et j'ai déjà blogué plusieurs fois sur le sujet, la mairie a "remis le couvert".

Nous sommes allés nous attabler en novembre 2016 pour la première fois "Au Grand Cap" nouvelle formule. Et la dernière occasion (d'une série de 6 repas) ce fut l'avant-veille de la mise en bouteilles du blanc et du rosé 2017. 

Aucune déception et plein d'enchantements.

 

La cuisine d'Erwan Houssin, basée sur la mer car ce "local" a aussi reçu la Bretagne en héritage, comme son prénom le laisse supposer, et les sucreries de Pamela (Malibu Beach?), basées sur ... slurp-slurp, la pure gourmandise, ont achevé de sceller le pacte entre votre Léon et la côte audoise, malgré ses moustiques omniprésents de mars à novembre. 

 

Cela vaut bien quelques quarts d'heures de navette fréquente vers mon domaine personnel. 

 

 

 

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