Une affiche pour un film d'horreur ...
C'est ainsi qu'une restauratrice de la côte belge a qualifié mon étiquette pour ce millésime, mais elle s'est quand même réapprovisionnée plusieurs fois. On m'a aussi demandé si c'était un tract électoral pour le "front". A moi, elle continue de me plaire, cette illustration.
Le vin a été mis en bouteille il y a dix ans, sans collage ni filtration et il a atteint sa maturité. Pas mal pour un "petit vin de pays" comme le disait avec condescendance un copain de mon ami Denis rencontré à l'île d'Yeu.
Malheureusement, je ne possède plus que quelques bouteilles moi-même car, comme tous les vins un peu plus rares, il a eu beaucoup de succès. Et hier soir, en accompagnement d'un repas comme je les adore, il nous a procuré pas mal de plaisir à nous aussi: côte de boeuf limousine et haricots verts encore croquants.
On ne résiste pas au plaisir de rappeler l'anecdote sur sa naissance, à défaut de se souvenir de sa conception. Pour sa "marraine", l'incomparable Loute, alias Poca, alias Virginie chérie louloute adorée, on se souvient très bien des deux. C'est le Prof. J-J Amy qui a été son accoucheur et elle nous a demandé beaucoup d'efforts à tous les deux, tous les trois si j'inclus la parturiante, féminisme dans l'air du temps oblige.
En 2005, année de mon installation à Corneilla-de-la-Rivière, les spores d'oïdium qui siégeaient dans le bois des vignes m'a rattrapé: le carignan de la parcelle à Alt de Coume Majou n'a pas été vendangé pour moi. Un proche d'un de mes vendangeurs l'a mélangé à une de ses bennes, semble-t-il, avec mon accord, me rendant ainsi le service de ne pas devoir "faire tomber le raisin".
En 2006, j'avais retenu la leçon et un traitement d'hiver à la bouillie nantaise, plus des précautions prophylactiques dès le stade "trois feuilles", ont permis de juguler la contamination. Jusqu'en 2007 (trois ans donc), j'utilisais encore quelques produits phytosanitaires de synthèse, bannis depuis lors de mon domaine. Sur le cépage carignan, pas facile à protéger, c'est un pari risqué mais il vaut la peine. Et le jus provenant de cette vigne me donna un vin excellent, assemblé totalement dans la Cuvée du casot 2006, une des gloires de ma production (encore à la vente).
En 2007, le même scénario s'est répété et je me suis renseigné plus avant sur cette parcelle, pour découvrir qu'elle avait été plantée en 1922 ... pour ne plus bouger de place depuis lors. J'ai gardé la moitié de cette cuve pour assembler le Casot 2007 et l'autre moitié, telle quelle, est devenue La Loute de Coume Majou, oui madame.
Actuellement, sa robe a gardé une couleur prune foncée et son nez rappelle le pruneau, justement, la réglisse et les baies noires des bois. En bouche, l'austérité (relative) du vieux carignan s'est fondue en un tout suave, soutenu par un alcool bien intégré. Il y a environ un demi-centimètre de dépôt dans le culot.
Nous possédons encore au domaine quelques bouteilles du 2011 et du 2012, et environ 500 cols du 2013. Je n'ai pas été en mesure de produire ce grand vin depuis lors, hélas. On va faire son possible en 2018.
Un bon moment pour le palais et pour l'ego du vigneron.
Write a comment
Michel du Limbourg (Wednesday, 11 April 2018 14:20)
Loute 2008 dégusté hier: un régal ! Dense, grande fraîcheur, très concentré mais bien équilibré, déjà très bon mais encore jeune.
Charlier Luc (Wednesday, 11 April 2018 15:25)
Merci, geachte ex-kollega. Je pense que le 2008 est encore un rien plus complet que le 2007. Le 2010 - plus sur une ligne acide et fine - commence à s'arrondir. Quant aux 2011 et 2012, ce sont des bombes de gourmandise. Quelle frustration pour le vigneron: c'est la vigne qui fait TOUT. Moi, je me contente de nettoyer la cave.