UNE LARGE DIVAGATION AUTOUR DE VON TSCHARNER

Le Lagalb
Le Lagalb

 

 

 

 

 

Point de départ ICI.

 

 

 

 

 

 

 

Normal de démarrer au "top".

 

Marc Van Hellemont, encore un "Marco", à peine moins célèbre dans son milieu que M. Van Basten ou M. Polo, ne réalise pas de "bicyclette" d'anthologie, quoiqu'il puisse se connecter au "pot belge" par certains côtés, ni de voyages inoubliables, même s'il répond volontiers pour le compte d'In Vino Veritas - revue au sein de laquelle nous fûmes longtemps collègues - aux invitations d'appellations excentrées et plus originales qu'un grand comparatif entre Moulis et Listrac, voire même entre Soussans et Cantenac, s'est spécialisé dans deux aspects de la production viticole: celle de Laurent Courbis d'une part et ensuite les vignobles anecdotiques de grande qualité d'autre part.

 

Attention, les vins de M. Courbis recueillent tous mes suffrages également, qu'on les aborde par la rive du Rhône, ruisseau qui appartient à Marc Chapoutier, en venant du plateau ardéchois, couvert de châtaignes et de brebis pas galeuses, à bord d'un hélicoptère virevoltant ou même dans une cabine transportée par une fusée Soyouz, mais ils ne sont pas anecdotiques. En outre, même les Autrichiens lui ont dédié une huile (Kurbiskernöl).

 

Les autres papiers de Marc traitent le plus souvent de vins dont vous n'auriez pas entendu parler sans lui, car ils n'appartiennent pas au "mainstream" de la consommation en Belgique ou en France. Et ils les sélectionne BIEN. Quand je possédais encore une cave personnelle raisonnablement fournie - "C'était du temps où on était beaux, Jef / Avant que l'on ne soit devenus poivrots" - ce type de vins constituait l'essentiel de ce que j'achetais.

Mais cette fois, il a frappé très fort, très très fort. Lisez le papier.

 

Et moi, j'ai commencé à divaguer, surfant sur des bribes échappées de mon circuit limbique, ou à cheval sur d'anciennes lectures. Si vous avez du travail aujourd'hui, ne me suivez pas. " Mais non, Léon, t'es pas tout seul / Mais arrête de scribouiller, arrête de te répandre / Tu fais peine à lire ..."

 

GrauBûnden, Griggioni, Grischun, un canton suisse largement alémanophone (75%) où l'italien et le romanche (15%) sont également langues officielles. Ce dernier idiome appartient au groupe rhéno-roman, comme le ladin ou le frioulan (ça, c'est le sabir que parle Gravner) et rappelle par certains côtés le roumain ou l'occitan, ce qui n'a rien de très surprenant. Des textes du 16ème siècle l'attestent (l'atextent?) et il caractérisa un temps les protestants de la région, avant que l'abbaye de Disentis ne le remît en vogue au 17ème. On a fait avec lui la même chose qu'en République d'Irlande, à l'île de Man ou en Israël et, depuis 1982, un statut officiel et une volonté positive de le voir se développer ont contrecarré un déclin rapide. Je suis un fervent défenseur de la linguodiversité, concept étrange aux yeux des Français jacobins et centralisateurs.

 

Mais le plus incompréhensible, dans les Grisons, c'est la géographie. Les Alpes ont dessiné un entrelacs de vallées déterminant autant de lacs, entre l'Italie et le Lichtenstein ou l'Autriche. La capitale, Chur (traduit par Coire en français) est probablement moins célèbre que Davos et ses forums pas romains pour un sou, Klosters ou Saint-Moritz. 

 

J'ai passé - au temps des chaussures de montagne peu imperméables en cuir, fermées par des lacets trop serrés - les journées les plus froides de ma vie sur les hauteurs de cette station de sports d'hiver, il y a plus de cinquante ans. Des noms comme Corvatsch, Corviglia, Lagalb et Diavolezza résonnent en moi comme autant de stalactites glacés mais aussi comme de formidables pistes de descente, longues et spectaculaires. Malgré une technologie de qualité  "suisse", il faisait - 11 degrés dans le hall de l'hôtel certaines nuits. Mais les doudounes en couette rendaient les chambres douillettes.

 

Enfin, les Grisons évoquent les marinas enchanteresses de la riviera du Tessin toute proche: Lugano d'abord, et son lac coincé entre celui de Côme et le Lago Maggiore. Un parfum de "Farewell to Arms" flotte ici, comme l'évocation de Catherine et Henry, mais aussi une grande tristesse d'enfant: une petite vedette en métal, jouet longtemps convoité, finit prématurément sa carrière récréative sous les roues d'une voiture au bord des flots. Et je n'en reçus pas d'autre: "Tu n'avais qu'à pas le lâcher". C'était vrai mais cruel. 

Et puis Locarno sur le Lac majeur lui-même, ou encore Bellinzone, dans la zone d'influence milanaise depuis toujours, et ses accès vers les cols mythiques (Saint-Gothard, Saint-Bernard). On se rapproche du Désert des Tartares que j'avais eu l'occasion d'évoquer au-dessus de la Rosière, il y a plus de deux ans déjà.

 

Vous voyez comme MVH me conduit, par l'esprit,

aux confins de mon enfance de petit bourgeois

ou au fil des pages du grand Ernest alcoolisé. 

Magie de l'écriture.

 

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Comments: 5
  • #1

    Hervé Lalau (Friday, 06 April 2018 12:24)

    Pour Chur que le Marco va être flatté

  • #2

    Hervé Lalau (Friday, 06 April 2018 12:26)

    Au fait, plus dépouillé que ça comme présentation de blog, tu meurs... dans le grand blanc. Mais warum nicht?
    Mehr licht, comme aurait dit Goethe sur son lit de mort...

  • #3

    marie-Louise Banyols (Friday, 06 April 2018 14:28)

    C'est beau, plein d'umour et de nostalgie, une belle lecture!

  • #4

    marie-Louise Banyols (Friday, 06 April 2018 14:28)

    Pardon, d'humour

  • #5

    Charlier Luc (Friday, 06 April 2018 14:58)

    Plus près du Léman (Genfer See), ç'aurait été "plein d'humagne".