Cela dépend comment on le sent.
Il y a quelques jours, peu avant le coucher du soleil, une lumière rasante argentée baignait tout LF, son ciel bleu sur la mer, ses nuages menaçants sur les Corbières. Etrange moment de temps suspendu, fugace sentiment de plomb et de vif argent dans l'air.
Rien de tout cela depuis ce matin. Un ciel déprimant envoie du tout petit crachin, juste assez pour humidifier le jardin, pas assez pour faire du bien aux vignes. Mais cela suffit à gâcher notre humeur: je n'ai de goût pour rien, ni envie de rien faire aujourd'hui.
Heureusement, le coq (gaulois) et l'âne (catalan) se côtoient ici, me permettant de tenter un grand saut vers la politique-fiction.
La procédure dite de l'impeachment (impedicare) qui fut lancée contre Richard M. Nixon trouve son pendant dans pas mal de constitutions nationales. A ce propos, elle n'aboutit pas chez ce président des US of A, contrairement à ce qu'on entend dire: il quitta spontanément (démission) son poste avant tout vote devant une assemblée.
En Belgique, Baudouin 1er fut déclaré dans l'incapacité de régner pendant le bref laps de temps qu'il fallait pour promulguer les lois libéralisant l'avortement, car sa conscience, ou plutôt la bigoterie de la reine, son épouse, l'avait amené à ne pas vouloir signer le texte (comme la constitution le lui impose) de la loi. Une fois les documents publiés au Moniteur (journal officiel), il reprit son office sans avoir eu à démissionner. Ce fut un épisode habile du gouvernement belge.
En France - et vous me voyez venir - la révision constitutionnelle de 2007 a rendu possible une destitution du président. La raison doit en être, je cite, " un manquement à ses devoirs manifestement incompatible avec l’exercice de son mandat". Il s'agit soit d'une "faute" politique, soit également d'un comportement privé portant atteinte à la dignité de la fonction présidentielle. On voit que la notion de "délis", au sens pénal, n'est pas obligatoire.
Bien sûr, les conditions nécessaires à cette procédure sont drastiques. L'Assemblée Nationale ou bien le Sénat doit voter (aux deux tiers) la réunion du Parlement en Haute Cour. L'autre assemblée doit également se prononcer dans les 15 jours. A défaut, la procédure est abandonnée.
La Haute Cour, dans un délai d'un mois et en suivant un protocole très strict, prononce son verdict tandis que le chef de l'état continue d'exercer ses fonctions durant cette période, sans intérim.
Pour faire obstacle à Mme Lepen - et c'est tant mieux - les Français ont élu comme chef de l'état un homme jeune, ambitieux et dont on n'a jamais connu le programme détaillé, même si ses idées maîtresses ont été exposées et qu'il s'y tient, je le concède. Mais, en vérité, trois Français sur quatre au moins n'adhèrent pas à ses projets.
Loin de moi l'idée que tout est parfait en France, et toutes les réformes envisagées ont un sens ... mais pas le sens qu'il leur donne. Son soutien principal, mais il est de taille, c'est la haute finance et le milieu bancaire. C'est d'ailleurs aussi sa seule formation, sa seule compétence et le seul milieu où il ait eu un job - je n'ose pas dire "ait travaillé" - en dehors de la politique. Il n'est pas un scientifique, pas un littéraire, pas un juriste, pas un sportif, pas un artiste, pas un manuel ... rien qu'Emmanuel, point barre.
Ce serait peu de dire que je ne l'aime pas, mais c'est sans importance.
Par contre, l'accumulation des mécontentements qu'il suscite, non seulement par le nombre de "chantiers" qu'il fait ouvrir en même temps (même si ceux-ci, je l'admets sont légitimes à la base) mais aussi par leur côté précipité et sans préparation, et la manière autoritaire et personnelle dont il conçoit la gouvernance, en plaçant devant lui des "fusibles" (Premier Ministre et tous les membres du gouvernement) qu'il fera sauter sans vergogne chaque fois que c'est nécessaire, me fait craindre pour la paix sociale dans ce pays, pour le fonctionnement des activités professionnelles, pour les échanges commerciaux, pour la mobilité, et, oui, même pour notre liberté d'action ou de déplacement à tous, pour notre LIBERTE tout court.
En fait, il n'est motivé que par le souhait, que l'on peut comprendre même si ce n'est pas mon option, de permettre une économie la plus libérale possible, au sens propre de ce terme. Mais les leviers qu'il envisage ne tiennent compte que de la faisabilité financière, comptable et fiscale, pas des contraintes humaines, sociales et commerciales vraies. Il n'y connaît RIEN. De fait, il n'a jamais travaillé (au sens large du terme) ni dans une petite entreprise, ni dans une grande, ni pour son propre compte, ni même dans un des piliers de la fonction publique (éducation nationale, santé publique, EDF, SNCF, télécommunications, police, justice etc ...). Il s'est même débrouillé pour ne jamais devoir entrer à l'armée pour y effectuer son service (moi aussi, pour des raisons de santé inattaquables), sans combine illégale on est d'accord.
Je reviens à mon sujet de début de page. Quand il aura usé plein de gouvernements, mécontenté toutes les catégories de la population (sauf ses amis banquiers), créé le chaos total en France, pays spontanément très doué au départ pour cet état de choses, cumulé sur sa personne la majorité des pouvoirs et des décisions tout en délégant en apparence aux autres le soin de prendre les coups à sa place, il ne restera sans doute que la ... destitution comme échappatoire.
Pauvre France,
Nouveau pays de mes errances
C'en est fini d'ton insouciance
Prépare-toi à la douleur ...
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Michel du Limbourg (Tuesday, 10 April 2018 12:54)
Tu veux échanger avec notre Bart de Wever ? Ou avec Orban ? May ? Berlusconi ? Trump ? Erdogan ? Poutine ? Netaniahu ? Assad ? Le chinetoque ?
Sic transit gloria mundi.
Amitiés