Une saison de transition
très inhabituelle
A présent, vous connaissez ma "ZNIEFF". Contrairement à certaines ZAD, elle ne possède pas de "route des chicanes" et les seuls gendarmes qu'on rencontre se préparent à "encadrer" la quinzaine de compétition de "kite-surf" appelée "Mondial du Vent". Il me faudra néanmoins un laisser-passer pour rentrer à LF, obtenu sur présentation de la carte d'identité et de la carte grise. Je ne pense pas être "fiché S" et ne me considère pas en voie de radicalisation. Mais, pour ne pas figurer sur la liste noire de la commune, et prendre un carton rouge de keuf, il m'a fallu montrer patte blanche à la mairie.
Mars a été abominable et n'a pas apporté la quantité d'eau espérée, même s'il a plu.
Christine a réuni sa famille et elle a misé sur la seule journée correcte depuis le début avril: le dimanche pascal.
Hier aussi, malgré du vent marin sensible jusqu'à Saint-Paul-de-Fenouillet, il a fait correct sur le Golfe du Lion. j'en ai profité pour aller effectuer l'avant-dernier jour de taille dans le Fenouillèdes, au Clots d'en Couloms. En effet, pour toutes sortes de raisons - c'est chaque année pareil - José et moi avons quelques jours de retard sur le programme. Théoriquement, j'essaie d'avoir fini en mars. Heureusement, et plus encore sur cette zone "haute", la végétation a également pris du retard suite au rafraîchissement des températures de ces trente derniers jours. Certains bourgeons sont turgescents mais, si on prend soin de ne pas les abîmer, cela facilite au contraire le repérage du bon segment de taille au travers de mes pauvres cornées décidément de plus en plus éblouies, surtout quand je remonte la partie de rangée à contre-jour.
Aujourd'hui, après une nuit d'entrées maritimes bruyantes et des averses violentes et ponctuelles, le ciel déverse sur l'Aude et les P.O. toute la flotte dont il est capable.
Demain, nous dit-on, la voie sera libre pour que le sécateur donne ... de la voix, justement. Enfin, le mien ne fait plus criss-criss: après 14 saisons de taille, le moteur (ou l'électronique) débloque totalement, alors que l'accumulateur tient encore bien la charge. J'ai donc aiguisé mon fidèle Felco et c'est mon poignet droit qui donne l'impulsion, sans aide électrique. Je ne participe pas au TdF cycliste! Le bois est très maigre après la sécheresse catastrophique de 2017 et ce n'est pas pénible. Petit serre-poignet préventif quand même. En plus, il y a peu de sarments. Par contre, je vais devoir enlever un grand nombre de bras morts (plantation de ce grenache en 1995), avant que les termites ou bien l'esca ne s'en chargent. Cela promet: pauvres épaules mises en mouvement par un plexus brachial coincé dans ses trous se conjugaison!
Je profite de cette journée de confinement forcé pour avancer dans la préparation de mon groupage de printemps vers la Belgique. En effet, à part sur Bruxelles où l'excellent Christophe Le Berre distribue avec enthousiasme (et succès) mes vins, les revendeurs sont de plus en plus discrets dans mon pays d'origine. Un petit groupe d'amis et de clients fidèles, et quelques restaurateurs soucieux de me conserver sur leur carte, sont donc livrés une ou deux fois par an par l'intermédiaire d'un entrepositaire qui assure aussi la messagerie et les formalités d'importation (douane, accise, TVA ...). Je profite de la mise en bouteilles récente de mon rosé (Cuvée Roman) et de la Cuvée Civale 2017 (blanc) pour finaliser ce transport.
Bon, aujourd'hui, je joue aussi au cuistot pour Christine, son petit-fils, sa fille cadette qui profite de quelques jours de détente chez nous et son beau-fils qui nous donne un coup de main de "plaquiste amateur", discipline qu'il maîtrise à la perfection, grâce notamment à sa musculature puissante et sa haute taille. Il a été plusieurs fois champion du monde de sauvetage en mer (!) et sait donc se servir de ses épaules et soutenir un effort prolongé. Il possède en outre, forcément, des notions solides de réanimation, bien utiles quand Christine ou moi-même nous écroulons, ivres-morts.
Allez, on m'a commandé pour le déjeuner
des "endives au jambon" (= chicons au gratin)
et je m'y mets dare-dare.
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