A ELLE DE JOUER

Acte II, scène 1: carreler
Acte II, scène 1: carreler

 

 

 

 

 

 

 

Une première sur le blog 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Je me permets de lever un petit coin du voile impudique - car tout l'est chez moi - sur l'état d'avancement de la bergerie de Mme Civale. Et j'en retrace l'historique.

 

Lorsque son père adoptif, qui ne l'était pas encore à ce moment-là, a acquis un terrain à la limite de la commune de La Franqui, il a conclu l'affaire en une-deux-trois et le notaire a enregistré immédiatement le compromis et a mis le chèque en lieu sûr. C'est "Tonton" lui-même qui m'a raconté l'histoire. Il s'agissait de la dernière "propriété" du hameau à être grossièrement délimitée. Il n'y avait quasiment pas de végétation et seuls quelques vestiges d'une construction pastorale justifiaient un cadastrage sommaire.

Il y a bien plus de quarante ans de cela.

 

Tout le reste, c'est lui qui l'a développé, installé, planté, fait pousser. Alors, lorsque nous avons, enfin, lorsque Christine a déposé la demande de permis de rénover et que les contraintes liées à un bâtiment CLASSE nous ont été expliquées, nous avons souris. Nous nous  y sommes néanmoins d'autant plus volontiers conformés que le but de la rénovation était de rendre confortable et sûr ce logement, mais en lui maintenant son cachet typique.

 

C'est - attention, suivez bien la filiation - le frère de la belle-soeur de Christine qui a réalisé les travaux. Il possède une petite entreprise de construction qui ne bâtit quasiment aucune maison neuve, mais retape et embellit des biens existants. Cela tombait bien, c'est ce que Christine voulait. Et, contrairement à l'image peu flatteuse des professionnels du bâtiment, il a confié à ses collaborateurs un travail qui a été réalisé à la perfection, dans la bonne humeur et la convivialité. Il faut dire que la maîtresse d'oeuvre, Mme Civale donc, a fait preuve de fermeté quand il fallait - pas facile, la Christine - mais aussi de flexibilité. En plus, les rapports ont été très cordiaux entre les ouvriers qui ont maçonné, couvert, chapé, carrelé, l'électricien et le plombier d'une part, et "le clan Civale" (frère, cousins, beau-fils, compagnon ....) d'autre part, qui a mis la main à la pâte pour de nombreuses finitions. Plusieurs repas furent pris en commun, des godets furent vidés (sans béton) et des "jattes" de petit noir furent percolées.

 

Ce week-end, votre Léon a installé tous les plans de travail et toutes les surfaces à carreler sur les parois. Cela se fait en un clin d'oeil par des pros dans le cas de constructions neuves, mais ici, pas un seul mur qui soit à angle droit, pas une seule surface qui soit plane, pas un seul revêtement qui soit uniforme. En outre, on passe du plus mauvais mortier (beaucoup plus de sable que de ciment) à l'enduit le plus pourri et à la pierre calcaire la plus dure, infiltrée de tiges de fer à béton ... Tonton nous avait fait un pot-pourri, un best of, de mélange des styles! 

 

Enfin, en milieu d'après-midi, hier, les tablettes à carreler étaient fixées, et d'équerre, et la découpe pour encastrer l'évier de cuisine était terminée. 

 

Notre "chef" vient inspecter les lieux, satisfaite, et prend une longue inspiration: c'est elle qui va carreler et je dois dire qu'elle a choisi des faïences très jolies, dans des tons de bleu et aux motifs variés. On sent la lavande et la farigoule, l'origan et la fleur du genêt. Non pas que celle-ci soit bleue, nota bene. La Méditerranée se déroule au gré des dessins: les azulejos du Portugal ou de l'Andalousie, les figures provençales ou languedociennes, les arabesques du Maghreb, de la Perse ou de la lointaine Samarcande. Pour les jeunes Français à "Bac moins deux", la Grande Bleue s'étend facilement jusqu'au pays des Ouzbèques, comme on le sait. C'est à la fac qu'ils approfondissent (morpionibus) la géographie, main dans la main avec la CRS du Obersturmführer Macron.

A ce propos, Bonaparte s'était fait remarquer comme caporal. Tout espoir est donc permis au petit Emmanuel.

 

Nous vivons dans un état de semi-urgence, comme les Stiff Little Fingers de jadis. En effet, la bergerie entre bientôt dans le circuit marchand. Christine a reçu son numéro de SIRET, le dossier a été déposé chez Airbnb et notre réseau à nous a déjà rempli les deux-tiers des créneaux disponibles cet été.

 

Les plâtres seront secs au mois de juin, pour les premiers occupants: un ami très cher et une artiste de renommée mondiale. Je dois voir avec son "agent" improvisé si nous avons le droit d'en dire plus. Je vous confierai qu'elle est cosmopolite et ... métropolite aussi et ce n'est pas une information Alagna ... euh, pardon, à la noix! 

 

Ils y seront bien et moi, un peu jaloux: cet endroit m'enchante d'ores et déjà! 

 

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