Un rare billet d'humeur
Un meurtre abominable a eu lieu dans le nord de la France, mercredi dernier si j’ai bien compris.
Une fillette de 13 ans qui jouait dans un espace public a suivi un ancien voisin qui disait vouloir lui remettre un colis pour ses parents. Il l’a ensuite agressée, étranglée et est allé abandonner le corps dans un sous-bois.
On pense à la petite, et on pense à ses proches.
Je leur présente mes condoléances émues.
Après, je ne comprends ni l’appareil judiciaire, ni la presse et suis dégoûté de leur manière de traiter cette information.
J’écoute d’ordinaire « France Info » lorsque je me branche sur une radio. Cet émetteur a retransmis en direct la conférence de presse du procureur de Lille, un certain Thierry Poquet du Haut-Jussé – cela ne s’invente pas et sent bon son Ancien Régime, comme les robes des prétoires d’ailleurs. Cet éminent personnage, manifestement fort éprouvé par les découvertes successives de l’enquête - laissons-lui cela - a très maladroitement (ce n’est pas un tribun de premier ordre) exposé l’état d’avancement du dossier, ne cachant aucun détail au public.
Je ne suis pas juriste et je ne suis pas français.
Qu’un souci d’information et de transparence impose de communiquer sur ce fait divers, tragique mais de portée strictement locale et familiale, est une chose.
Que les services de police et le personnel judiciaire éprouvent le besoin de montrer leur action est compréhensible, vu qu’on les charge – à tort selon moi – de tous les péchés d’Israël. Ah non, ça, le CRIF ne le tolère plus. De tous les vices de Babylone alors, mais c’est à présent l’ambassade d’Irak qui proteste au nom sacré de sa communauté chiite, majoritaire.
Mais pourquoi tous les détails sordides des sévices subis par cette pauvre adolescente sont-ils détaillés devant « le peuple » et pourquoi les parents et la famille doivent-ils subir cette abomination, encore et encore, presque en boucle sur toutes les chaînes ?
Nous sommes d’accord que la valeur d’exemple de cette terrible agression devrait permettre de mettre en garde d’autres victimes potentielles, mais les détails cruels – mais sensationnels car ils sont à caractère sexuel - sont inutiles. Ils ne servent qu’à captiver une partie de l’audience, sordide et malsaine.
Pendant que l’on détaille ceci, les problèmes de société, autrement plus préoccupants pour l’ensemble du public, ne font pas la une. Et on ne fait pas de publicité aux mouvements sociaux, au mécontentement populaire, aux grèves et surtout – horreur – à l’infâme C.G.T !
Sur le fond, il est préoccupant qu’un condamné pour des faits similaires (il y a moins de vingt ans), qui était « fiché » et suivi de très loin, soit à nouveau passé à l’acte. Et là, je ne sais que penser : notre société est mise en échec devant ce genre de comportement, clairement psychotique – je ne suis pas compétent pour décider de quel délire il s’agit, de quelle attitude compulsive. Mais il est évident que les progressistes – auxquels je pense appartenir – réclameront plus de moyens pour traiter, càd hélas simplement canaliser ce genre d’individus, tandis que les libéraux exigeront de la fermeté, des sanctions implacables (PUNIR !) et le rétablissement de la peine de mort. Comme la Macronie veut faire des économies, on sait de quel côté penche le pouvoir et c’est sans doute en espérant relancer ce débat que l’horreur est détaillée avec tant de complaisance.
Enfin, la presse apporte son concours à cette ignominie. Des enfants de treize ans meurent chaque mois en France sur la route, sur le chemin de l’école, de tumeurs cancéreuses, de maladies infectieuses ou métaboliques, de suicide ... et ils ne font pas les beaux jours des gazettes.
Encore une fois, le sort de cette petite est tragique et me répugne.
Je plains ses parents.
Mais foutons-leur la paix et laissons-les faire le deuil dignement.
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