Yves et Carla: one point!
Mes "points de chute" en Belgique sont nombreux, au fil de mes fonctions de wandering winemaker.
Il y a bien sûr, vous le savez, la Patricia de ce blog, qui est en même temps par le fruit du hasard (et de quelques interventions plus intimes) la mère de mes fils. Elle a l'élégance de me céder la seule chambre de son domicile où règne une obscurité totale et que je connais en outre fort bien, du fait de ces autres interventions, justement.
Il y a la chambre de Coxyde, celle-là même où ma mère est née, il y a presque 90 ans. Je crois que certaines interventions avaient dû avoir lieu également à l'époque, alors que mon grand-père et ma grand-mère maternelle (accord par voisinage et par féminisme) étaient pourtant instituteurs tous les deux, et donc assez innocents et naïfs, dans leur pureté originelle. Histoire de pomme, de serpent, de paradis terrestre, que sais-je encore comme fariboles?
Il y a aussi la belle maison au bas du Boterweg, chez Herman et Anna, au-dessus du potager à poireaux. Monsieur le professeur est passé maître dans l'art de cultiver ce légume, pourtant si sensible aux parasites. Son épouse et lui sont aussi maîtres ès-hospitalité.
Il y a la demeure au charme insoupçonnable de Tyl, avec ses toilettes toutes de marbre et de dorures, à la périphérie anversoise. Mais son papa, qui fut aussi mon professeur et le condisciple de mes parents, n'aime pas qu'on s'étende sur la famille. Je ferai donc court ("keutte metten doen").
Il y a le calme pavillon hennuyer de Guy, l'apothicaire devenu photographe subaquatique. Sa table est aussi fameuse, notamment car son épouse et lui traitent l'art culinaire avec autant de minutie que celui de préparer des poisons et vendre ceux de l'industrie du médicament.
Et il y a, de plus en plus souvent, l'enchanteur palais forestier, frontalier entre le Brabant wallon et son contre-pied flamand, d'Yves et de Carla. Elle aime suivre indolemment son globe-trotter d'homme et lui préparer sur ordre les petits plats dont il est gourmand. Lui, voyageur compulsif et gastronome averti, aime organiser leurs périples polaires, tropicaux ou équatoriaux et enfourner les mets délicats, sans toutefois oublier d'abandonner au bord de son assiette une partie toujours plus inattendue de sa portion: "croûtes" du pain, "gras" du saumon fumé, "peaux" du ris de veau, "coquilles" du caviar beluga, "os" du skrei, "pied" des belles blanches de Malines, "épluchures" du diamant noir périgourdin ... Humour facile mis à part, qu'est-ce qu'on est bien chez lui! Le plus difficile est de retenir les codes, car il me laisse le libre accès à sa demeure et ... à la cave à vin. Mes seuls rappels à l'ordre sont le tic-tac imperceptible des mécanismes infaillibles des Montblanc, Jaeger, Baume, Chopard, Patek, Bréguet, Longines ... etc, qui rythment son temps. Difficile d'échapper dans cette atmosphère aux phases de la lune: c'est d'une complication ...
Et devinez ce qui arrose les asperges à la flamande? Un muscat du Goldert dans le millésime ... 1991, celui de la Loute, précisément. Ginette Zind m'avait dit, il y a bien longtemps, que ce cru vieillissait bien. mais tout de même!
Merci à vous tous, amis, de cette chaude amitié
qui accueille si bien le vigneron errant*:
"Un jour, triste et pensif,
Assis au bord des flots,
Au courant fugitif
Il adressa ces mots:
Au courant fugitif
Il adressa ces mots:
"Si tu vois mon pays,
Mon pays malheureux,
Va dire à mes amis
Que je me souviens d'eux.
Va dire à mes amis
Que je me souviens d'eux."
*: Si mon choix politique préfère de loin les Gazaouis, oubliés de l'histoire sacrifiés sur l'autel de la Déclaration Balfour, plutôt que les tortionnaires du Likud, mon amitié personnelle va à tous les Lévi, à tous les Juda, à tous les Zabulon - il y en a douze, vous continuerez vous-même - et surtout à tous les Cohen, dont Leonard.
Oui, va dire à mes amis que je me souviens d'eux.
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Yves (Sunday, 27 May 2018 11:31)
Goûteux, Luc , goûteux....!
De Bukavu, justement !