FRERE, LEVE TON VERRE

Les Noces (Véronèse, fragment)
Les Noces (Véronèse, fragment)

 

 

 

 

 

 

 

"Tout le monde sert d’abord le bon vin et,

quand les gens sont ivres, alors le moins bon.

Toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à présent.

Tel fut le commencement des signes de Jésus. C’était à Cana de Galilée."

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

A la rue d'Ecosse, mardi dernier, l'histoire fut un peu différente. Il faut dire aussi que le texte de référence n'y était pas le récit de l'un ou l'autre évangéliste à succès, même si je me prénomme Luc. On se rapprochera plus facilement du Chant du Semeur et, oui, nous chanterons la gaieté, les femmes qui nous coûtent si cher, la fraternité etc ... Cela me rappelle la déclaration savoureuse du footballeur-vedette George Best: "Money, I spent a lot on booze, birds and fast cars. The rest, I just squandered."

 

Or donc, j'ai la chance de compter parmi les fidèles de mes bouteilles un avocat bruxellois spécialisé en fiscalité et qui met sa semi-retraite à profit pour offrir ses compétences à la Fondation ULB, l'organisme qui soutient la recherche scientifique de cette institution. Il en est le "conseiller juridique" officiel. Là, je suis déjà un peu dans mon milieu. Mes parents sont en effet diplômés de cette même université (1955), je suis moi-même un produit d'une de ses "spin-off" (la VUB) et un des membres influents (T. Lambrecht) de cette fondation a été mon "prof" (et président) au CEPAC en 1991-2. Quand ce client si aimable m'a proposé de mettre sur pied une dégustation des vins de la Coume Majou pour son cercle d'amis, j'ai évidemment dit "banco".

 

 

A peine arrivé, entrée en marbre avec petite volée d'escaliers dans le style si charmant de la fin du 19ème siècle bruxellois, je croise un chef de rang stylé en train de disposer du pain, des charcuteries fines (et donc italiennes) et du fromage sur des plateaux ... Qui est-ce, ce Luc Nguyen? Nul autre que le chargé au développement de cette même fondation et un fana de bonne bouffe (comme moi). Je le remercie chaleureusement pour son aide.

 

Et les invités d'arriver progressivement.

 

Ma mère (bientôt 88 ans) fut longtemps une cheville ouvrière des "Amis du Palais des Beaux-Arts" et proche de Bernard Foccroulle lorsqu'il dirigeait la Monnaie. Elle a aussi connu la période des Sylvain Cambreling, Gérard Mortier, Philippe Boesmans ... En outre, elle avait le privilège d'être l'oculiste d'Arthur Grumiaux, qui ne se séparait pas de son instrument pour la durée des consultations. Moi, plus modestement, j'ai fréquenté un temps les contemporains de Fabrizio Cassol, car on m'avait  présenté à François Louis, ce génial facteur d'instruments, excellent sax ténor lui-même, qui avait quitté le cambouis de ses Ducati pour les anches de Vandoren et les perces coniques de Selmer, avant de créer l'aulochrome. Et là, à Saint-Gilles, j'ai rencontré tout un monde qui tourne autour de BOZAR - elle n'a pas fort apprécié ce modernisme de vocabulaire, ma vieille pianiste de mère - et du Concours Reine Elizabeth. En fin de soirée, j'ai appris qu'un de mes convives du jour en était même le directeur financier. Si j'osais, je dirais que Leroy était un peu mon cousin à ce moment-là et que je me sentais en fait comme "en famille". C'est donc avec un enthousiasme redoublé que j'ai présenté mes vins à une bonne vingtaine d'amateurs passionnés.  

 

J'ai montré le blanc et le rosé 2017 de notre gamme, tous deux élaborés avec un minimum de sulfites et mis en bouteilles avec zéro de SO2 libre (et quasiment pas de SO2 total). Ensuite, grand ordonnateur de la dégustation, sinon son architecte, j'ai choisi de mettre "L'Eglise de Coume Majou 2011" au milieu du village et de la table. Par après, nous avons trempé nos lèvres, espèce de communion par une seule espèce, dans la Cuvée Majou 2009. Et les vins secs se sont achevés sur la Cuvée du Casot 2007, mon Saint Graal en quelque sorte. A la surprise générale, mon Roussillon adoptif a encore montré l'excellence de son Vin Doux Naturel, le Maury Grenat Cuvée Jolo 2010.

 

Quand j'étais petit, le Cheval Bayard du Pont des Ardennes m'effrayait un peu avec ses céramiques de toutes les couleurs. Plus tard, le Phoenix planté en pleine avenue Louise, et aussi l'oeuvre du Middelheim, ont complété mon imaginaire lié à Olivier Strebelle. Je ne l'ai jamais rencontré, même si la même mère eut comme maîtresse de formation en ophtalmologie Melle Elza Claes, une familière de Pierre Alechinsky, et qu'elle croisa ainsi ce cercle d'artistes. Mais M. Strebelle buvait de la Cuvée Majou 2007 et il en servait à ses hôtes. J'ai donc été honoré de rencontrer son fils à cette occasion.

 

Revenons à notre propos du début: j'espère que les invités de Paul Tulcinsky - car vous aviez reconnu notre hôte - ont aussi pensé qu'on avait gardé le meilleur pour la fin et que l'orage qui a grondé ce soir là m'avait permis de réussir - comme par un miracle - la transformation de l'eau en vin ... de la Coume Majou, qui plus est.

 

Merci de tout coeur à tous.

 

 

 

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Comments: 3
  • #1

    Michel de Lacave (Tuesday, 29 May 2018 10:13)

    Amen

  • #2

    Luc Charlier (Tuesday, 29 May 2018 11:42)

    C'est une manière de voir les choses, frère Michel de Lacave, qui répondez à la règle de Saint-François, patron des tapissiers.

  • #3

    Michel de Lacave (Tuesday, 29 May 2018 12:47)

    Serait-ce Saint François d'Assise qui a donné son nom à la partie du siège où l'on pose le sien?