Monique Dehaze,
sur le seuil de la maison
qui l'a vue naître (1930).
Ceci est une bonne photo de notre mère, à Thierry et à moi.
Il y a une dizaine de jours, le Michel (du Limbourg) de ce blog et Michèle, sa compagne, sont venus de Berbroek où ils résident, faubourg de Herk-de-Stad comme Mégara fut celui de Carthage selon Gustave Flaubert, afin de saluer ma mère, long time not seen.
C'est une longue histoire, dont le noeud se situe aux "Amis du Vin" et aussi sur les bords de la Saar et de la Ruwer. Ma mère est née coxydoise, d'une famille de Bruxellois. Elle est une West-Vlaamse par accident et par droit du sol. Michel est né bruxellois mais d'un papa originaire de Westkapelle. Il est un West-Vlaming par le droit du sang. Lui et moi nous sommes rencontrés au cours de nos études. On dit "à l'unif'" en Belgique et "à la fac" en France. Certains interlocuteurs, notamment dans le milieu de l'Horeca - je ne sais pas pourquoi - se croient alors obligés de me faire remarquer "Moi, je n'y suis pas allé', sur le ton que j'emploie pour dire que je n'ai pas fait mon service militaire, en ce qui me concerne.
Mon propos est de souligner l'ancienneté de notre lien: 44 ans à ce jour, je crois.
La femme de Michel, je l'ai rencontrée ... quand elle est devenue la "petite amie" attitrée de Michel et nous avons ensuite passé de nombreux moments ensemble. Michel fait partie du trio de ceux que je considère comme "mon meilleur ami" et on se voyait tout le temps. Et, au-delà, Michèle était une - excellente - infirmière du service d'orthopédie (malgré son gabarit menu) tandis que moi j'étais en formation au service de néphrologie du même hôpital académique. On se croisait donc également au boulot.
L'aînée de Michel, la jolie Sarah (Merci, pour ton effort ..., chantait le rocker) a fait avec mon aîné à moi un concours pour savoir celui ou celle qui sortirait le premier / la première. Elle a gagné de deux jours il me semble. Ils ont donc tous les deux presque 34 ans (chacun).
Il n'est dès lors pas surprenant que Michel, un des plus gros apporteurs de bons clients des "Amis du Vin", ait rencontré ma mère lors de nos dégustations annuelles: elle y rinçait très bien les verres!
Et ils ont pissé ensemble, en plein air justement, sur les aires de repos allemandes lors de nos escapades chez Egon Müller ou Carl von Schubert. Ma mère, ancienne "carabin" de l'ULB, était une féministe avant la lettre. Elle urine en public quand bon lui semble, avec discrétion mais sans fausse honte, comme un mec. Elle a raison.
Une ancienne amie à moi, sortie de l'Ecole de Commerce Solvay et fille d'une activiste féministe belge en vue, faisait de même avec l'ostentation en plus. Je lui donne également raison.
"Pissez si m'en croyez,
N'attendez à demain.
Arrosez dès aujourd'hui
les roses de votre pluie".
Or donc, Michel et Michèle nous ont rejoints à Coxyde: 5 heures de route par la E 40 suite à des retenues (Stau, File, Traffic Jam ...). Le restaurant (Bib gourmand et spécialité de homard au citron) où Michel nous a invités nous a servis sur le coup de 21 heures. Ma mère a insisté pour conduire (88 ans au mois d'août) et nous emmener dans sa 107 bleu métallisé, après un Bastardo 1954 (équivalent madérence du trousseau dans le vignoble jurassien) retenu comme apéro de bienvenue à la maison. A table, la conversation a tourné autour des livres - la vioque en lit encore plus de 80 ans par an, avec fruit - et de la musique "classique". Cette appellation, consacrée par l'usage, n'est pas appropriée: baroques, romantiques, atonaux, aucuns ne se considéraient comme classiques. Mais passons. Elle a conduit également au retour (Vouvray puis Chablis mais pas de digestif), collectionnant au passage les rétroviseurs des voitures en stationnement: elle tient bien sa droite, notre Mina!
De retour vers minuit et demi aux "Vagues Capricieuses", villa que la Taalkwestie des années '60 n'a pas rebaptisée Grilllige Golven, Michel a fait rugir avant de nous quitter le flat six de sa GT4 blanc ivoire, suscitant la nostalgie du bon docteur Monique Dehaze: c'est le quatre cylindres boxer de la 912 (blanc ivoire) du constructeur de Zuffenhausen qu'elle conduisait à sa période de faste.
Les féministes tirent elles aussi leur énergie d'un excès de testostérone!
Ma photo date de quelques jours plus tard. La factrice de De Post, cheveux très courts sous la pluie, que j'ai tout d'abord saluée d'un "Dag Meneer" confus, venait d'apporter le coffret magique des enregistrements publics de toutes les symphonies dirigées par Günter Wand, chef défunt que ma mère ne connaissait pas avant la venue de mes amis. Un beau cadeau dédicacé depuis le Haspengauw, un de plus!
Merci, Michel et Michèle, tout simplement merci.
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