Oui da, le Causse Noir,
on vous en parle souvent.
Début mai, vous aviez lu ceci: équidistants . On passait de Jonte en Dourbie.
Hier, notre itinéraire a "fait très fort". Michel Truchon et son épouse nous attendaient à 11 heures au bout du Rouergue, presque à Decazeville, pour une dégustation fort studieuse et agréable. Ensuite, sans prendre le temps de croquer, nous avons traversé toute la zone qui conduit vers Espalion (rapide bout de viande à Saint Côme d'Olt quand même) avant de rejoindre le sommelier de Cyril Attrazic, Pierre, pour lui faire goûter quelques petites choses autour de la Cuvée Majou 2007, que le chef garde à la carte depuis 5 ans au moins, sans discontinuer. Cette fidélité me flatte, d'autant que vous connaissez mon goût personnel pour ce vin. Et voilà la fin des "découvertes", et déjà presque 400 km de parcourus depuis le matin.
Ensuite, la sauvage Margeride s'offre à nous jusqu'à Châteauneuf-de-Randon, lieu de l'agonie de Duguesclin, le Connétable de France, non pas du fait des Anglois mais bien d'une salmonelle de la source empoisonnée par iceux ou encore d'un Streptococcus pneumoniae, selon les ... sources, justement.
Chiasse ou morve, navenant: "hij is dûûd".
L'Hôtel de la Poste nous ouvre les portes de sa cave souterraine; plus exactement, c'est Maman Laurens qui nous en ouvre le battant. La Cuvée l'Eglise 2011 y rejoint d'autres vins du domaine, pour la première fois.
Il est presque 18 heures et nous avons encore trois adresses à visiter, avant de rentrer.
"Ce ne sera pas possible, je crois" (* voir ma note de bas de page).
Qu'à cela ne tienne, la route de Florac, déviée une fois encore par le sommet du Causse à cause d'éboulis sur la chaussée, nous occupe pour une petite heure encore. Depuis l'année passée, Adonis (et son équipe, du chef Paulet jusqu'à Rachida qui supervise la salle) offre notre vin. C'est grâce à la Cuvée Majou 2009 (et au Rivesaltes et à notre rosé) que nous sommes présents dans ce fleuron de la restauration tarno-laryngienne.
La clientèle-cosmopolite ne rechigne jamais, mais l'un ou l'autre Français passéiste s'indigne parfois des capsules à vis dans cet établissement: "Quoi, un si bon vin et même pas d'excellent liège?". Pour mettre le service à l'aise, j'ai livré quelques bouteilles en Vinolok. Vous savez que, techniquement, ces deux systèmes sont similaires, mais ceci fera taire les snobinards ignares. Mar-ke-ting.
Allez, je ne vous le cache pas. Nous avions à ce moment-là déjà réalisé que notre tournée devrait se prolonger pour un jour de plus. Petit coup de fil à Meyrueis: "Allo, René (l'homme de confiance de Stella Robert, un collaborateur saisonnier allemand qui parle parfaitement le français), gardez-nous une chambre et une table pour ce soir."
C'est sur le coup de 20 heures que nous avons posé ... rien du tout, car nous n'avions pas emporté de valise, même pas une brosse à dents, à l'Hôtel du Mont Aigoual, que vous connaissez par le truchement de mon blog. Par chance, un peu d'insuline me suit toujours dans mes déplacements. Et une brosse à cabinet, grossièrement rincée, garnie de la pâte dentifrice de la patronne - que nous remercions - nous a permis de rafraîchir l'haleine avant de ... passer à table.
(Même pas vrai: on s'est décarcassé pour nous trouver une brosse de compétition, avec des poils homologués par l'association suisse de soins dentaires et certifiée conforme aux règlements en vigueur en Macronie).
"Monsieur Lagrange", alias Daniel, le compagnon de la propriétaire qui a été le chef-enseigne de l'établissement pendant, ouf, plus que cela, a pris sa retraite cette année. Il dirigeait aussi l'association des chefs-cuisiniers de Lozère. Ce sont ses seconds qui ont repris le piano, et la majorité de ses spécialités. Nous avons avalé - affamés -
des ris d'agneau aux senteurs de pleurotes, réellement très goûteux, en se délectant, puis un pavé de selle d'agneau pour Christine et du "Coufidou" (la joue de boeuf confite) pour moi. Malgré les gros yeux - d'endocrinologue frit - de mon diabétologue, qui ne veut pas entendre parler des entremets, nous avons ensuite fait honneur à un des desserts fétiches de la maison: la poire rôtie au miel et sa tuile à l'orange, laquelle "tuile" est plutôt comme un kletskop de Bruges (beurre et sucre caramélisé, avec très peu de pâte, if any).
Et un Cahors de bon aloi, na. Ensuite, dodo.
Il était près de neuf heures le lendemain matin quand la salle à manger nous a vus croquer dans les viennoiseries, dépourvu en ce qui me concerne de tout anti-hypertenseur (j'en prends quatre différents), de mon allopurinol chéri (pas grave, la demi-vie est longue) et de mon traitement oral pour le diabète. J'ai sacrifié sur l'autel (hôtel?) de la gastronomie la dernière dose d'insuline retard et tout mon stock de rapide, avec la même aiguille qui a gentiment changé de stylo sans se boucher ni abîmer son biseau! Bon, petit hématome quand même au point d'injection.
Et c'est là qu'intervient la "photo qui tue". Nous décapotons et prenons, pour un temps, la direction de Le Vigan, certains de trouver l'embranchement vers Saint-Jean-du-Bruel, notre dernière étape de livraison. Eh bien non: on l'a loupé. Vous voyez ma co-pilote essayer d'ouvrir la carte routière dans le bon sens, manoeuvre qui ne figure pas au programme du bac pour les filles. Elle a appris avec moi, mais il y a encore quelques hésitations, que je lui pardonne avec grandeur d'âme. Après tout, c'est une Française même si ses ancêtres italiens ont dû laisser un peu d'ingéniosité dans son ADN tricolore infesté par tant de sang impur déversé dans des sillons aussi nationaux que les haras (Charles IX, Bonaparte, Pétain ...).
A Le Vigan - au Vigan si vous préférez - on fait le plein de gasoil, on se recale sur la direction ouest et nous voilà enfin chez Laura, Marco et la maman, en ordre utile pour laisser la dernière livraison et ... dévorer le sublime jambon de coche, puis, pas d'excès, une truite meunière bio. Pas de dessert (snif!). La Dourbie, dont je vous parlais au début de ce papier, fournit l'eau du village, mais c'est une source ferrugineuse venant tout droit du causse qui remplit les cruches posées sur la table. Et son fer sert aussi à la calandreuse ....
Vous aurez ainsi appris que, d'Aumont-Aubrac au Larzac, le Domaine de la Coume Majou vous recommande un nombre important de très bonnes adresses, du plus "gastro" au plus "terroir", qui couvrent toute la Lozère (et même un peu plus).
Je vous avouerai aussi que mon glucomètre
affichait 278 mg/dl en se garant à la maison.
Ce n'est pas la cata mais cela m'arrive très rarement.
Et hop: 37 UI de rapide.
* Note de bas de page : je suis allé consulter un psychiatre qui avait bien aidé mon vieux professeur de grec à remonter la pente lorsqu'il avait perdu lui-même sa vieille maman (presque centenaire). Pour moi, au bout de deux ou trois séances, je n'ai pas senti le courant trop bien s'établir entre nous, alors que j'avais besoin d'évacuer un ou deux problèmes. Après le dernier entretien, je lui ai demandé de pouvoir passer un coup de fil depuis le téléphone posé sur son bureau. Ce n'était pas encore l'époque du portable et, de toute façon, même maintenant, je n'emporte presque jamais le mien. Il m'a répondu l'air pincé: "Je crois que ce ne sera pas possible". Je ne l'ai jamais revu ensuite.
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