Mon coeur saigne, mon estomac saigne,
mes tripes sont constipées et
mon pancréas est en deuil.
Oh Nom de Nom Inada n'est pas mort, car il lampe encore...
Mais il arrête définitivement de nous régaler à partir de la mi-août. Un communiqué lapidaire vient de le révéler.
Venant du pays de Nagisa Oshima, "notre" Saburo Inada a débarqué un beau jour à Baumanière, du temps de la grandeur de ce ***. A la fin de son permis temporaire de travail, la France (de De Gaulle ou peu après lui) l'a éjecté, alors que son célèbre patron voulait prolonger son contrat au-delà de son apprentissage.
La Belgique a récupéré ce migrant, avant les accords de Schengen et alors qu'il n'était pas "dubliné", et il a rapidement obtenu le macaron pour Christopher, au restaurant de celui-ci à la place de la Chapelle. Lorsque les finances, gérées de manière "amateuristique" par ce folklorique Britannique, ont arrêté tout net l'ascension de l'établissement, Saburo a ouvert à son compte un "boyau" au coin de la Place Loix.
La salle, toute en longueur et un peu austère (plus que zen), est devenue l'inverse d'un "tord-boyaux", justement: la meilleure table de Bruxelles selon moi. Il n'y a que le filet de truite fumée à la japonaise qui ne m'ait pas convaincu, parmi les dizaines (centaines?) de plats qu'il m'a servis entre 1991 et 2018.
Feu mon ami Xavier, jeune collaborateur du quatrième Reich à l'avenue Louise, que l'on m'avait collé alors comme improbable acolyte, et moi-même allions hanter ses napes au moment où les autres salariés de Leverkusen en exil bouffaient leur triste sandwich réglementaire sur un coin de formica. Le lunch, exquis, coûtait 360 FB à l'époque (9 euros). Et nous dépensions plus du double en vin, hahaha.
Le reste, je vous le raconterai une autre fois:
Saburo est un gros travailleur.
Saburo a un immense talent.
Saburo a énormément de coeur.
Saburo va laisser beaucoup de regrets à tous ceux qui auraient voulu que son exceptionnelle qualité professionnelle soit encore plus reconnue du grand public. Mais lui, était-ce vraiment son but?
Bien sûr, une salle constamment pleine, cela fait plaisir au chef (et au banquier également). Mais lui ne cherchait ni les honneurs, ni la richesse. Il cherchait l'excellence dans l'assiette grâce aux beaux produits.
Il cherchait aussi le bon vin, le bon porto, le bon whisky de malt, le bon randori de sumo, la jolie estampe d'aguichante geisha ... Je suis sûr qu'il a accumulé BEAUCOUP de kharma.
Je rêve de le retrouver réincarné en langouste de Cayo Largo ... mais pas trop tôt.
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