QUELQUES SOUVENIRS PAPILLAIRES

Février 2014
Février 2014

 

 

 

 

 

 

 

Au moment où notre ami Inada

imite le Tournaisien François Vatel,

il me paraît opportun de remettre

en scène certaines de nos cènes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Comme une escort-girl de grande classe qui convolerait un jour en justes noces, Saburo met à présent son savoir-faire au service d'un seul homme, et de ses proches, je suppose. Je ne sais si c'est Fouquet ou simplement Condé, et j'espère qu'il ne terminera pas comme à Chantilly: on peut se passer de poisson pendant quelques heures.

Les invités de cet homme-là y gagnent ce que nous y perdons. Le chef, lui, pourra sans doute, libéré des contraintes de plus en plus lourdes de la gestion, mitonner ces plats justes dont il a le secret sans se soucier d'une salle à remplir, du personnel à trouver et à garder, des fournisseurs à surveiller, de la cave à renouveler ... 

 

Un soir du milieu des années '90, il avait envoyé, pour le compte de la Société Belge d'Urologie invitée par un labo dans le cadre magnifique de la Bibliothèque Solvay tout juste rénovée, plus de 200 couverts au départ d'une cuisine de campagne installée au sous-sol. Tout avait été parfait, y compris des coquilles Saint-Jacques arrivées rissolées à la perfection et chaudes devant les convives! Et Deborah Brown, accompagnée du Brussels Jazz Trio, avait également rehaussé la soirée de son talent ce jour-là. Inada a prouvé à cette occasion qu'il savait aussi jouer le traiteur de grand luxe sur une grande échelle (pas forcément chromatique mais gastronomique).

Sur un plan plus anecdotique, un urologue belge très impliqué dans la création du festival de jazz de Frameries, le Dr Pietkin si mon souvenir est bon, avait remplacé avec brio le batteur attitré du groupe. Il a même pris un solo de belle facture, devant tous ses pairs! Grand souvenir.

 

Lorsque je suis allé manger à la rue de la Source, peu de temps après mes premières vendanges, Saburo m'a servi en guise de mise en bouche des ... rillettes de chevreuil, en me disant: "C'est pour te venger". Ces sales bêtes avaient dévoré en une nuit toute la charge bien mûre d'un vieux grenache situé au-dessus d'Estagel.

 

Une autre fois, après un de mes cours au CERIA, Michel (du Limbourg) m'avait accompagné pour un dîner-presque-souper. Nous avions eu - plat unique vu l'heure tardive d'arrivée - une poularde au gros sel et à l'ail délicieuse. Mais Michèle dit qu'elle se souvient encore des parfums d'ail lors du retour de son époux!

 

Le deuxième mariage de mon ami Xavier avait vu Saburo servir aux invités, et donc également à Papa Vanderghinst, assez classique dans ses goûts (foie gras, ris de veau ...), un homard aux mangues et à la vanille fantastique (accompagné d'une VT de gewurztraminer). Pour son troisième mariage (service traiteur dans un loft près de la Grande Ecluse à Anderlecht), il avait proposé, espiègle, de faire figurer sur la pièce montée:

"Amours éternelles".

 

Au soir d'une journée passée à balader l'inventive Agnès Henry (Domaine de la Tour du Bon) dans les rues de Bruxelles alors qu'elle rendait visite aux portes ouvertes de son agent belge, il nous a préparé, pour accompagner différents millésimes de cette belle propriété bandolaise, trois pigeons de bouche très différents. En plus du millésime présent à sa carte, j'avais apporté moi-même d'autres années, plus anciennes, sorties de ma cave personnelle. Et ces six demi-pigeons, avec autant de flacons, ont fait deux heureux!  

 

Pour les 20 ans (ou bien est-ce ses 25 ans?) de mon fils aîné, Saburo nous a fait goûter SA version du canard au sang. J'ai eu l'occasion de déguster au moins six fois cette spécialité à "La Tour d'Argent", du vivant de ma grand-mère qui nous y invitait à l'occasion. Mais l'interprétation de l'honorable Monsieur Inada ne lui cède en rien! 

 

Je pourrais continuer à l'envi cette liste à la Prévert, mais il suffit.

Depuis l'annonce du départ vers la société privée de notre ami, qui ne m'est parvenue qu'hier, je me pose toutes sortes de questions pour déterminer comment pouvoir continuer à déguster ses spécialités de temps à autre. Mais l'homme est aussi discret que la sauce samourai est piquante au fritkot Antoine

Il me faudra donc: 1) connaître le nom de son commanditaire, 2) l'empoisonner sans laisser de traces et sans qu'on incrimine son cuistot, 3) ouvrir un grill coréen à Leucate (pour brouiller les pistes), près du camp naturiste, 4) fournir un faux passeport au nom de Kim-Sabu-Un à notre ami (je demanderai à Sang Hoon de m'aider sur ce point) et, enfin, 5) installer notre Nippon aux fourneaux près de la plage aux nichons.

 

Bon plan! 

Gokurosama desu

 

 

 

 

 

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