DOUCEMENT LES BASSES, CA "JEU DE MOTTE"

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Je dois avancer comme sur des oeufs

pour ce coup double.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Après une dégustation gersoise de qualité, et avant de rejoindre le Tarn-et-Garonne, nous avions promis de livrer un nouveau client dans Toulouse intra muros. D'ordinaire, nous confions ce soin à une messagerie mais là, pour inaugurer notre collaboration, nous avons convoyé les cartons nous-même.

 

Jusque là, le "centre ville" ne nous avait pas accueillis sur la durée. Oh, bien sûr, il y avait eu une demi-douzaine d'années de collaboration avec Benoît chez Franck Renimel, au coeur du quartier des Carmes, mais le chef a ensuite émigré vers la campagne (en nous emmenant avec lui, je vous rassure) et la petite salle (moins de 20 couverts à mon avis) ne nous assurait pas une "visibilité" optimale. Et puis, il y avait eu Majou 2007 aux Jardins de l'Opéra pour deux ou trois saisons éphémères, mais le changement de sommelier nous y a été fatal. Sinon, nous avions contacté 8 ou 9 adresses, de Saint-Sernin aux latérales du boulevard Carnot: les vins plaisaient généralement mais nous n'étions pas arrivés at the right time. Enfin, la descente du Marché au Poisson, pas vraiment le centre ville, a fait rentrer Majou aux bords de la Garonne. Et une ère nouvelle s'est ensuite présentée à nous.

 

Je suis très heureux et très fier des liens noués avec l'équipe d'Aziz Mokhtari.  Il ne faudrait pas croire que je ... fayotte mais dans la cité de la brique et du lingot, ce très jeune chef a construit une réputation solide comme un mur gascon. Nous avions entendu à gauche et à droite que sa cuisine était branchée, inventive et maîtrisée, et que ses "P'tits Fayots" devenaient un must toulousain. Le basson (Fagott en allemand) souffle ses basses entre les bâtiments d'argile rouge et ce quartier de la Ville Rose qui accueille si volontiers des joyeuses compagnies de "gays" épicuriens et fêtards (faggot en américain trivial) résonne forcément de tonalités plus aiguës également. Nous sommes donc passés en fanfare, comme il se doit, devant la devanture et le sympathique chef nous a gratifiés d'un "Pourquoi pas, revenez nous faire déguster ...". Le temps de prendre rendez-vous et ce sont ses collaborateurs en salle qui ont découvert (et apprécié) notre production quelques semaines plus tard. Nous nous étions déjà croisés en d'autres occasions, mais nous ne le savions pas. J'entends par-là que nous ignorions leur affectation actuelle.

 

Et c'est ainsi que notre VDN en appellation Rivesaltes, "Grenat de Coume Majou" dévoilera sa jolie étiquette pour vous à la rue de l'Esquile. Je pense qu'on vous le proposera au verre. On a aussi retenu nos deux cuvées emblématiques dans le millésime 2008, très réussi et parfaitement à boire: "L'Eglise de Coume Majou", mûre et aboutie, ainsi que le fruité "Majou 2008" (étoile au guide Hachette). Ca, c'était le premier but de notre visite.

 

Mais, tant qu'à se trouver au Capitole vers midi, autant y rester manger, faisant ainsi coup double, sans passer ni par la prison ni par la case départ. Et, oui, on nous a gardé une petite table dans la salle bien pleine, dos à la "cuisine ouverte" pour moi, arthrose cervicale confortablement au chaud sous les lampes à infra rouge du passe-plats. Nous avons choisi la proposition surprise quatre services et c'est le second de cuisine qui a tout envoyé ce midi-là: impeccable; des produits très frais, des cuissons millimétrées (excellent bar basse température et pintade onctueuse à souhait), des agrumes judicieusement présents. On parle de bistronomie mais nous y retrouvons l'inspiration d'un Baptiste Poinot à Valence, par exemple, avec beaucoup de fraîcheur. La surprise, ce ne fut pas que ce fût bon - je m'y attendais - mais bien que les assiettes fussent aussi construites. Quant au service, décontracté mais attentif (vins choisis au verre par la chef de salle), il a été très prévenant.

 

Un vrai régal.