19. July 2018

TRILLA DANS DEUX JOURS

Notre sélection: ca-deau !

C'est la dixième fête du village franco-allemand de Trilla. Les ressortissants germaniques, nombreux dans ce hameau du Fenouillède, ont rejoint l'équipe municipale et collaborent très intimement avec les différentes associations du village. L'internationaliste que je suis s'en réjouit, vous vous en doutez bien.

C'est aussi la sixième fête officielle des Vieux Cépages, mais la vraie première - nous étions déjà là - n'a pas été prise en compte. Nous participons donc pour la septième fois.

J'ai décidé d'offrir un cadeau aux visiteurs. En tout cas, je le considère comme tel. Nous emmenons TOUS les millésimes existant de la Cuvée Majou, ainsi que notre blanc 2017.

En 2005, la vendange fut trop tardive à mon goût (ayant eu lieu surtout début octobre alors que l'année était chaude et précoce) et ma cuvée contient une grosse majorité de grenache très mûr, faisant la part belle aux vignes d'Estagel, dont le Roc Blanc. Elle est exceptionnellement concentrée, un peu surmûrie et doit encore contenir 3-4 gr de sucre résiduel. Elle titre au-delà de 15 vol % d'alcool et présente de très beaux tanins.

En 2006, nous avons élaboré environ 160 hl de vin au total (sur près de 10 ha en production). La cuvée Majou, elle, a été vinifiée sans sulfite, à mon insu. En effet, la solution de SO2 que j'utilisais datait de l'année d'avant et était totalement détitrée. Je ne m'en suis rendu compte qu'à l'analyse. La fermentation malo-lactique s'est déclenchée avant la fin des sucres, ce qui a inquiété mon oenologue. J'ai accepté de décuver ... deux jours plus tôt, hahaha!

En 2007, un de mes millésimes favoris, j'avais trouvé mes marques puisque ce furent mes troisièmes vinifications. Si on n'est pas complètement idiot, cette expérience porte ses fruits. Ce vin-ci figure encore toujours à la carte d'un bon nombre de restaurants étoilés Michelin: les champions sont Cyrille Attrazic (à Aumont-Aubrac) et le restaurant de Jodoigne où travaille ma fille, chez Stéphane Lefebvre.

En 2008, le guide Hachette m'a donné une étoile pour cette cuvée. J'apparaissais dans le guide pour d'autres vins avant cela. Un client belge bien disposé à mon égard a été témoin d'une anecdote: 2 bouteilles se sont troublées (aspect lactescent) en carafe, après une grosse demi-heure et sans que la dégustation n'en ait été perturbée. J'ai récupéré chez lui les 4 autres bouteilles du carton ... qui sont nickel. Je crois que des copains lui ont fait une blague car j'ai vendu 3.000 cols de cette mise unique, à la satisfaction TOTALE des clients. On a commencé à ne guère filtrer Majou cette année-là et un léger dépôt tartrique peut se former.

En 2009, nous avons introduit une phase de macération pré-fermentaire à froid sur tous les cépages. Le fruité y a encore gagné. Nous apparaissons à nouveau au guide Hachette mais je pense que ce vin est plus "classique", moins méditerranéen et majolien que tous les autres. Il a gagné en finesse et perdu en brutalité sauvage. Je commence seulement à le proposer et il remporte beaucoup de succès en clientèle.

En 2011, toute la gamme du domaine a été produite, grâce à la pluie qui est tombée presque en suffisance. Il n'y a donc guère que 2000 bt, peut-être même pas. Je crois que ce vin n'est pas encore prêt à la dégustation.

En 2012, la sécheresse épouvantable s'est installée. Nous sommes à nouveau repris dans la sélection Hachette. On qualifie ce vin de "café torréfié", ce qui n'est pas entièrement faux. Attendre.

En 2015, j'ai abandonné l'AOP avec soulagement. Je pense sérieusement que les amateurs avertis s'en moquent. Le vin a été vinifié presque sans soufre et le SO2 libre est indosable à la mise. Il n'y a quasiment pas eu de collage, mais une filtration soigneuse a été retenue, sur l'insistance de mon oenologue-conseil. J'ai vinifié "du bout des doigts" une vendange très mûre aux baies très petites. Ce vin-ci est différent, déjà buvable (mais il tiendra la route) et plein de charme juvénile. A découvrir.