LES VIEUX CEPAGES, UN "ENCORE"

 

 

 

 

 

Sur ce cliché réjouissant,

Carole écoute discrètement

ce bon Michel Smith et Christine

en pleine conversation.

 

 

 

 

 

 

Voilà bien l'esprit de cette "fête": l'échange.

 

J'avais décidé, contre toute logique commerciale, de monter tous les millésimes existant de la Cuvée Majou, et de les montrer. Je pense que plus de dix personnes ont fait la "verticale" dans son entièreté.

Qu'est-ce que j'y ai gagné?

 

Un grand succès d'estime, une information intéressante de dégustateurs qui comptent  et aussi une appréciation fine d'autres palais que le mien, dont je fais grand cas. Evidemment, je n'ai rien "vendu" sur place. Et alors? 

 

Majou 2015, le premier millésime pour lequel je n'ai pas revendiqué l'AOP, contient pourtant environ les mêmes raisins que le 2012, et dans des conditions climatiques similaires: de la sécheresse. Il a été filtré assez soigneusement au moment de la mise (plaques) mais n'avait pas été collé et ne contient plus de sulfites, malgré une petite dose à l'encuvage (rien depuis). Belle robe carmin, nez de griottes et de fumé (empyreumatique disent les spécialistes), bouche souple sauf la finale, aux tanins jeunes, mais pas verts. Un Majou new style. Sera de bonne garde néanmoins, j'en fais le pari.

 

Majou 2012,  l'inconnue dans mon chef avant cet événement. Marie-Louise Banyols, notre juriste-sommelière-acheteuse vins s’interroge sur l’évolution de ce sphynx, tandis qu’André Domine, le gentil organisateur, lui prédit un bel avenir. La robe foncée s’ouvre sur du moka torréfié, une belle matière en bouche et des tanins encore un peu ramassés.

 

Majou 2011, le grand abandonné de ce millésime qui m’a vu élaborer (grâce à un peu de pluie sur le vignoble, par exception) toutes les cuvées de ma gamme, y compris deux VDN, pâtit de la présence de la Loute 2011, de Miquelet 2011 et bien sûr du Roc Blanc. Pourtant, il commence à s’ouvrir un peu. Il ressemble au 2012, peut-être en plus souple. Attendre.

 

Majou 2009 est mon ambassadeur. Tout le monde l’aime, certains pour sa souplesse, d’autres pour ses tanins feutrés, d'autres enfin pour son élégance(? what ?). Il est "à la vente" pour l'instant et rencontre beaucoup de succès.

 

Majou 2008 fait le beau avec son étoile au Guide Hachette, alors qu'il ne présente pas une rétro-olfaction de macaron. Sans doute un peu plus acide que les autres millésimes, et une touche de réduction à l'ouverture, vite dissipée, voilà une bouteille qui joue entre le fruit et le tanin. Il présente souvent un dépôt non-négligeable. A carafer.

 

Majou 2007 fut longtemps mon préféré, avec un regret: c'est le seul millésime de mon domaine qu'Hachette n'a jamais sélectionné (aucune cuvée), à l'opposé de 2005, 2006, 2007, 2008, 2009, 2011 ou 2012! Et il reste mon petit chouchou: un poil de chaleur, du fruit à revendre, des tanins arrondis. C'est vraiment un Châteauneuf en plus fin et pour le tiers du prix (voire moins). Il en reste pas loin de 2000 bt je crois (à vérifier).

 

Majou 2006: ici, l'évolution devient palpable. Il s'agit d'un vin qui développe un bouquet plus avancé, mais sans oxydation marquée. Notez que, au bout de 12 ans, il est heureux que quelque chose se passe, non? Voilà un vin pour de l'agneau, ou bien des gibiers d'automne. Et je peux encore en livrer. 

 

Majou 2005: la catastrophe. Je m'en étais mis quelques cartons de côté, pour la buvette familiale. Et ma mère en a cependant formellement promis à des ... Chinois, qui l'ont goûté chez elle. Il m'en a coûté 24 flacons car la parole de la vioque sera respectée; je ne suis ni un politicien ni un vrai marchand. Nos dégustateurs de Trilla l'ont apprécié et beaucoup ont commenté son côté surmûri. En fait, la vendange contenait environ 10-15 % de raisins passerillés voire secs, et je n'ai pas su assécher les trois derniers grammes de sucre non plus. C'est presque un Recioto della Valpolicella.

 

Je rappelle que, au-delà des apparences, le Domaine de la Coume Majou est une entreprise commerciale et que Christine et moi continuons à avoir une activité métabolique qui nécessite, outre de l'oxygène et une source d'eau, également quelque combustible. Or, ni le boucher, ni le crémier, ni le maraîcher ne livrent gratos.

 

La plupart de ces beaux vins sont encore à la vente

en quantité raisonnable (sauf le 2005*, épuisé pour cette cuvée-ci),

à des prix inférieurs à 20 euros TTC départ cave! 

 

*: la Cuvée du Casot 2005 (*** Hachette  2008) et la Cuvée Miquelet 2005 (* idem) sont encore disponibles,

     par contre

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Comments: 5
  • #1

    Michel SMITH (Tuesday, 24 July 2018 14:05)

    En tant que "voisin", j'adhère à tout ce que tu dis.
    Faute de temps et d'espace nécessaire la concentration, je n'ai pu m'offrir la verticale. Tu m'as proposé à l'aveugle un 2006 que j'ai beaucoup aimé car il reflète le caractère de cette année : bien que sur l'oxydation, il possède de beaux tannins, une texture agréable et une longueur bien affirmée. Ton choix pour l'agneau me convient parfaitement. (Et merci pour la photo !)

  • #2

    Charlier Luc (Tuesday, 24 July 2018 15:26)

    On s'arrangera pour que ET l'agneau ET le 2006 trouvent un moyen d'atterrir sur une table à La Franqui pour Brigitte et toi.

  • #3

    Michel (Tuesday, 24 July 2018 22:39)

    Vive la liberté d’expression et le droit de couper les commentaires.

  • #4

    Charlier Luc (Tuesday, 24 July 2018)

    Ca, Michel, c'est pour l'autre billet de blog, pas celui-ci. Et c'est la première fois que je le fais en 7 ans, car le sujet principal (le balancier qui dépasse son point d'équilibre) nécessite des pages et des pages. J'émets là une opinion qui ne fait évidemment pas l'unanimité mais je ne souhaite pas entrer dans une discussion animée. C'est juste l'expression d'un point de vue qui ne vise personne en particulier et ne peut donc en aucun cas entraîner un "droit de réponse".

  • #5

    Michel (Wednesday, 25 July 2018 08:33)

    Ne vous emballez pas, cher Luc, des opinions argumentés c’est très bien. J’apprécie moins les jugements à l’emporte-pièce, du genre sur la presse.
    Je vais aller acheter du Roussillon de Luc Charlier chez le traiteur en bas de la rue...