PETIT FLASH-BACK, PAS POUR UN LABBEKAK

Lunes el 30 de julio por la noche
Lunes el 30 de julio por la noche

 

 

 

 

 

 

On me reproche facilement 

une absence de pudeur,

du corps comme des sentiments.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ce n'est pas vrai: si la nudité ne me gêne pas trop, j'ai par contre du mal à montrer mon gros ventre. Vous voyez que je suis sujet à la pudeur, qui est un autre mot pour de la honte mal placée. 

 

Le jeune homme en bleu sur la photo, je pense que cela fait quarante ans que je ne l'avais plus vu.

Peut-être même plus.

 

Ses parents, Leonardo et Maria Gutierrez (Casco) ont débarqué au milieu des années '60 à la maison où mes parents vivaient avec mon frère, et occasionnellement avec moi au début de leur arrivée. Ils avaient quitté leur Andalousie natale à cause du régime implacable qui faisait peser une chape de plomb sur ses opposants. Après un séjour en banlieue parisienne, où l'aspect physique de Leo - sosie d'Omar Shariff, nez, diastème et élégance compris - le faisait prendre pour un migrant algérien échappé des foyers Sonacotra, et l'exposait donc aux ratonnades de keuf, ils s'établirent pour de bon au Belgenland, où le racisme envers les Méridionaux "latins"  (Italiens, Espagnols, Portugais) n'existait pas, ou alors seulement chez une minorité de citoyens d'extrême droite. Mais ceux-là sont irrécupérables partout.

 

Le couple avait déjà une fille, née en France, de notre âge. Nous avons donc grandi ensemble, sous le même toit, mangeant la même tambouille et passant pas mal de temps les uns avec les autres.

 

Enrique (aka Kike) arriva un peu plus tard, le crachin belge ayant fourni plein d'occasions au couple de rester bien au chaud sous les draps, soustrayant ainsi quelques moments intimes à l'étude des chances respectives des pur-sangs sur les hippodromes. Leo avait ramené de France la passion du turfisme et il faisait souvent "son petit tiercé", avec plus de gains que de mises au bout de l'année. Et c'est mon propre père, qui tenait à l'époque une pratique de généraliste et d'obstétricien libéral en plus de ses fonctions d'assistant au service de chirurgie infantile de l'Hôpital Brugmann, qui le mit au monde. 

 

Kike et moi différons de dix ans, et il fut rapidement mon hermanito.

 

Il m'a rappelé hier une anecdote que j'avais oubliée. Vers 1973 ou 1974, alors que nous passions un des ponts du printemps à Coxyde, je suis allé disputer le Challenge Vindictive d'Ostende, une compétition au fleuret de bon niveau pour la Belgique, mais en phase de déclin. Auparavant, des étrangers venaient y participer mais c'est l'époque où des "prix" de plus en plus significatifs récompensaient les vainqueurs et les accessits - ce que je déplore - et les organisateurs flandriens ne disposaient pas d'un budget suffisant pour s'aligner.

 

J'ai terminé troisième après barrage, ce qui a fait dire aux spectateurs les plus fins (et à la presse spécialisée le lendemain) que le tournoi perdait vraiment de son lustre puisque le jeune Charlier était arrivé sur le podium. Nous sommes rentrés à la maison et, par le toit ouvrant de la vieille 504 familiale, Kike a brandi la coupe et apostrophé mes parents - qui n'avaient que dédain pour la futilité de la compétition sportive - en leur criant que j'avais obtenu un trophée. Jusque là, j'avais gardé le même souvenir.

 

Mais mon hôte d'hier m'a précisé - et c'est exact - que j'emmenais toujours, moi qui n'était pas un champion,  une bouteille de shampoing pour la douche et que celle-ci s'était ouverte dans mon sac de sport juste avant la phase finale, badigeonnant les poignées orthopédiques de mes armes. J'en avais conçu une irritation qui m'a sans doute donné la hargne nécessaire à me qualifier devant le gratin réuni de l'escrime belge.

 

Un certain Thierry Soumagne dominait le plateau à l'époque. Il devint 10 ans plus tard un des meilleurs épéistes au monde. Il a remporté la compétition, Jean-Pierre Raes (un multiple champion de Belgique) montant sur la deuxième marche et moi, j'ai complété le trio, fier de mon résultat. Je les avais inquiétés tous les deux mais leur talent et leur expérience ont su faire la différence, en saine logique.

 

J'ai toujours la coupe!

 

 

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