"La verticale était bien là, comme promis;
Luc avait emmené une bouteille de tous les millésimes existants de la Cuvée Majou (...)
Sachant qu'il élabore des vins de garde, qui mettent du temps à se faire, j’ai choisi de commencer la verticale par le millésime le plus jeune, pour terminer sur les millésimes les plus aboutis et donc les plus prêts à boire à ce jour."
C'est en ces termes que Marie-Louise Banyols introduit ses notes de dégustation après notre présentation à la
Fête des Vieux Cépages de Trilla. Cette juriste de formation, issue d'une famille distinguée de notables perpignanais, a d'abord exploité le joli restaurant "Le Saint Jean" au coin du parvis de la Cathédrale, une référence pour la gastronomie locale de l'époque, avant de s'embarquer dans l'aventure splendide des Feuillants de Céret. Son mari, épaulé par Jean Plouzennec, y conduisirent l'établissement jusqu'à la deuxième étoile du Michelin, tandis qu'elle-même faisait briller le tastevin en salle, s'imposant comme l'une des sommelières-phares du sud de la France. Attention, pas de "Sud de France", l'usine à gaz promotionnelle honnie de moi, créée en son temps par Frêche le claniste pour y caser le plus d'apparatchiks possible aux frais du contribuable. A présent, ce logo s'applique à tout ce qui est "main-stream", grande consommation et commun, y compris les aéroports. Cette idée se situe aux antipodes de ce que j'apprécie, en termes de marketing. Il est évidemment permis d'avoir un avis différent du mien (= Licet omnibus pas d'accordum mihi).
Après la cessation d'activités de ce haut-lieu de la table, notamment (mais pas uniquement) à cause du montant exorbitant du loyer demandé par le propriétaire des lieux (l'immeuble, vide, se déglingue progressivement à présent) , le couple Banyols a fait une brève apparition chez les Cathiard de Smith Haut Lafitte (j'ai vérifié l'orthographe) avant que notre sommelière ne devînt la conseillère des achats haut de gamme d'un marchand de vin très important de la Catalogne.
Actuellement en semi-retraite, "Marylou" court de dégustation en dégustation et ses avis sont très écoutés. Elle a un gros défaut: je la crois insoudoyable, dans un milieu où le terme de "pot de vin" a été inventé. Ne croyez pas un seul mot du publi-rédactionnel d'un grand nombre (pas tous) des ex-champions du monde de sommellerie: ils ne roulent que pour ceux qui les engraissent.
Mais revenons à nos litrons.
Dixit MLB:
2015: "Un vin aux tanins serrés qui joue l’équilibre entre puissance et finesse. Il a tout pour plaire, mais il faudra savoir
être patient!"
2012: "Plein, complet, très prometteur, à attendre"
2011: "Je crois que ce vin n’est pas encore prêt à la dégustation, même s’il commence à s’ouvrir un peu et offre
des tanins suaves. Attendre."
2009: "semble être le préféré de Luc, (...) Il a raison, c’est une très belle bouteille."
2008: " C’est un véritable enchantement"
2007: "est sans doute mon millésime favori. Très concentré et à la fois bien équilibré. Bref un beau vin pour la
gastronomie "
2006: "C’est peut-être celui que j’ai trouvé le plus évolué. Mais il suffit de l’imaginer à table sur du gibier et on
part dans l’exceptionnel"
2005: "Absolument délicieux. Presque un vin de méditation."
Et de conclure:"En quelques mots, les vins de Luc Charlier me parlent, virils, murs et corsés. Ils ont un style qui me plaît, leur profondeur, leur complexité, la qualité des tanins, leur j’allais oublier leur élégance, bref, ils sont exceptionnels,"
Je ne vais pas ajouter un commentaire à ces commentaires. Lisez l'article in extenso ICI.
Il me reste à dire "Grand merci" à la sommelière et à lui rappeler qu'elle est toujours la bienvenue au domaine, pour déguster les autres cuvées à son aise (Roc Blanc, Casot, Miquelet, La Loute et même l'Eglise, qui existe encore dans 4 millésimes et ne démérite nullement).
Gràcies i que vagi bé
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