Vous le savez à présent, une malformation cornéenne
d'origine génétique m'empêche de lire confortablement.
C'est l'Autrichien Fuchs qui en fit les premières descriptions en 1910.
Faible de cela (!), je ne lisais plus rien à caractère divertissant depuis 18 mois.
Bien décidé à m'y remettre, car la lecture m'est plus chère que le sexe, et presque autant que la table - Brillat-Savarin avait raison - j'avais résolu de me munir de lunettes de lecture plus puissantes, d'un rétroéclairage adapté et de courage. Le plus dur fut la troisième partie.
L'occasion toute rêvée arriva un beau matin, tandis qu'un chroniqueur radiophonique vantait les mérites d'un petit ouvrage, premier roman d'un Libanais plein d'humour: une bonne centaine de pages qui se lisent d'un trait, comme les biches soulignent leurs jolis yeux, les transformant en autant de papillons bleus ...
J'ai acheté le livre de Sabyl Ghoussoub, aux Editions de l'antilope, "qui publient des textes littéraires rendant compte des paradoxes et de la richesse de l'existence juive sur les cinq continents" (je cite). Moi qui n'ai jamais compté un seul "Arabe" (entendez musulman, Maghrébin, Egyptien etc ...) parmi mes proches contacts mais ne nourris aucune sorte de prévention a priori contre eux non plus, j'ai toujours vécu par contre entouré d'amis juifs et de connaissances juives. Cela ne m'empêche pas de désapprouver radicalement la politique de l'état d'Israël, et ceci de plus en plus au fur que le temps passe, et de prendre fait et cause pour la cause palestinienne, tout en critiquant bien sûr l'influence du Hamas, pendant sunnite du Hezbollah chiite (pour simplifier) et qui ne vaut pas mieux. Cette situation paradoxale, mais pas du tout illogique, caractérise toute la complexité du conflit du Moyen-Orient et du Proche-Orient.
Ce livre, somme toute assez simple et assez sain, est mené avec un humour vif et allègre, même s'il est répétitif. Il me rappelle (en traduction cette fois) l'inventif et irrésistible Naguib Mafhouz ou plus encore Alaa Al-Aswani. Oui, je sais, ça c'est le Nil. L'auteur met en scène tout le ... comique (tragique?) de ces populations que tant de choses unissent mais que le monde (occidental surtout) a aidé à s'entre-déchirer.
Le peuple élu, mon oeil (c'est le cas de le dire), d'une part, et ceux qui détestent les "chiens de roumis" d'autre part, ne valent pas mieux. Balle (à fragmentation) au centre, same sniper shoots again.
Les caractères (= police) sont grands et la mise en page aérée.
J'ai commencé la lecture dans la salle d'attente d'un bâtiment de résonance magnétique, l'ai poursuivie dans celle d'un gynécologue (!) et l'ai terminée à l'instant à LF sous une vieille ampoule de 75 watts bien éclairante dirigée tout droit vers les feuillets, avec des "loupes" venant du commerce et m'aidant de +3,5 dioptries.
On m'a entretemps enlevé l'oeuf clair qui me ballonnait le ventre depuis quelques mois.
Et je lis à nouveau ... JE RELIS ... JE REVIS!
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