Poutine est un tyran ....
Je suis d'accord là-dessus.
Oleg Sentsov, que je ne connaissais pas avant sa grève de la faim - le 7ème art n'est pas ma tasse de thé - est un cinéaste (et producteur, NB) d'origine ukrainienne, né en effet à Simferopol (Crimée) en 1976. Les spécialistes connaissent son film "Gaamer", semble-t-il.
Il est un opposant au régime du Kremlin, refusant notamment l'annexion de la Crimée. On l'a arrêté en 2014, il a été jugé en 2015 au cours d'un procès que les observateurs (dont Amnesty International) considèrent truqué car les charges retenues ne reposent sur aucune preuve et les aveux ont été obtenus par la torture. Il a été condamné à 20 ans de privation de liberté et expédié en Sibérie sous le chef de terrorisme et de trafic d'armes. Officiellement, vu l'annexion de son pays, il est effectivement passible de la loi russe.
Tout cela est proprement scandaleux et bien triste pour lui.
Mais des centaines (des milliers?) d'autres détenus subissent le même sort que lui.
Il a entamé une grève de la faim le 14 mai 2018. Son état de santé provoque donc des inquiétudes à présent.
Les "intellectuels" se mobilisent dès lors pour que Macron (en France) et d'autres politiques exercent une pression sur le président russe afin que celui-ci "envisage des solutions".
Pourquoi doit-on se soucier plus du sort de ce détenu que des autres prisonniers dans le même cas?
La grève de la faim est un acte fort, courageux, qui attire l'attention sur son histoire et sur sa cause, mais elle est le fruit de son propre libre arbitre, au moins au début. Les désordres électrolytiques après tant de jours de privation obscurcissent probablement son jugement à présent.
La France, et d'autres pays, doivent-ils pour autant s'ingérer dans une affaire de politique intérieure russe ou russo-ukrainienne?
La Russie ne demande pas aux autorités françaises de laisser Dieudonné 'Mbala-'Mbala se produire où bon lui semble, alors que cet opposant se fait censurer un peu partout pour ses opinions. J'admets que cette comparaison, qui me vient automatiquement à l'esprit, traite d'un tout autre niveau de gravité et qu'il faut la considérer comme de l'humour et de la provocation de ma part, petit clin d'oeil à Dieudo dont je ne partage pas forcément les excès de langage mais dont j'apprécie encore toujours la force comique.
Mais surtout: quels sont les "moyens de pression" dont on dispose?
Premier niveau: l'opinion publique. OK, c'est fait, mais Poutine s'en bat la toque en astrakan.
Deuxième niveau: les voix diplomatiques. Celles-ci sont par essence discrètes et je suppose qu'elles ont été
activées.
Troisième niveau: les relations personnelles entre chefs d'état. Hahaha, tout le monde s'en tape, du petit chéri de
l'Elysée, de Trump à Merkel en passant par May. Alors Poutine, pffff!
Quatrième niveau: les sanctions économiques. Pour défendre un réalisateur contestataire? Vous voulez rire.
Ou bien M. Sentsov recommencera vite à s'alimenter,
ce que je lui souhaite de tout coeur, ou bien il va bientôt mourir.
Je ne pense pas qu'il faille forcer les gens à survivre contre leur volonté,
par une alimentation parentérale, par exemple.
PS: il reste bien un cinquième niveau d'intervention, envoyer BHL !
Write a comment