ON Y PASSE AUSSI

Viaduc de la N 88
Viaduc de la N 88

 

 

 

Voici un très beau viaduc,

qui laisse souvent passer nos pneus.

 

 

 

 

 

Que l'on vienne de Marvejols par Chirac (Salut, Dila!) ou bien d'en-bas par Saint-Germain-du-Teil, on lève les yeux vers l'élégant viaduc qui domine la Colagne. A l'inverse, on plonge vers cet ouvrage d'art quand on quitte l'A 75 par sa sortie 39 (Le Monastier) en venant du sud. Mais, pour nous, vu notre importante clientèle lozérienne, y compris bien au nord des Gorges du Tarn, c'est en montant vers lui par la N 88 qu'on le découvre. Bon d'accord, ni Robert L. Stevenson et sa Modestine, ni même les ingénieurs George ou Robert Stephenson ne l'ont contemplé, eux. 

 

Mende est sans doute une des préfectures les plus isolées de toute la France. Il faut bien bon une demi-heure pour l'atteindre en quittant l'autoroute, et bien plus aux heures de pointe. La patte d'oie est complexe et cet ouvrage d'art, qui la rejoint, est une prouesse.

 

La Colagne, affluent du Lot, prend sa source en altitude (1428 m) au Puech de Momentou et alimente peu après le lac de retenue de Charpal, dont je vous ai déjà parlé en 2016. Elle rejoint ensuite le Lot en aval du viaduc.

 

La construction de l'ouvrage dut tenir compte de plusieurs facteurs additionnels, en dehors des difficultés purement "mécaniques". Le pont enjambe bien sûr une vallée assez large, mais il surplombe aussi la voie ferrée vers Béziers, la N9 et une route communale également. Il n'a pas été possible d'interrompre les trafics et il a donc fallu "protéger" ces axes pendant toute la durée de la construction. En plus, le Gévaudan voit des gelées sévères à la mauvaise saison et les vents peuvent y être violents. Il a donc fallu haubaner de manière provisoire les deux piles principales, visibles sur la photo, et hautes de 108,5 m et de 92,5 m, pendant leur mise en place. On travailla de nuit pour des raisons de circulation routière et aussi pour tenir compte de la consignation des caténaires de la SNCF. 

 

Après, ce pont de type poutre/caisson fut construit (2003-2006) par des encorbellements progressifs. Il culmine à 120 m au-dessus de la vallée et compte 5 travées sur 2 x 2 voies. Le matériau retenu pour le tablier, les corniches et les bordures fut ... du béton précontraint. La longueur totale est de 663 m et le tablier mesure entre 5 et 11 mètres d'épaisseur suivant les endroits. L'architecte s'appelle André Mascarelli.

On a bien sûr prévu des bétons résistants au gel. Les culées sont fondées sur 4 pieux de diamètre 1500 mm et la première pile repose sur une semelle de 2,50 m d'épaisseur.  Les deux autres piles surplombent des "puits marocains"*  (7 m de diamètre).

 

Le béton 'anti-gel" a été difficile à produire (superplastifiant, stabilisateur, maîtrise du ressuage ...), vu les obligations spéciales. Le but était d'obtenir les niveaux de résistance nécessaires au décoffrage (15 MPa en l'occurence) et surtout pendant la mise en tension de la précontrainte (23 MPa durant une vingtaine d'heures). 

 

 

Si la maintenance suit, malgré les envies de coupe budgétaire qui caractérisent la Macronie,

j'espère que nous pourrons encore profiter longtemps

de cet accès à la jolie Cathédrale Notre-Dame-et-Saint-Privat,

mais surtout à nos sympathiques restaurateurs de Chabrits et de Châteauneuf de Randon.

 

 

 

 * Un puits marocain sert à fournir une fondation profonde aux ouvrages des ponts-et-chaussées. On essaie d'atteindre des substrats rocheux stables, plutôt que les granulométries fines de la surface. On creuse progressivement l'excavation et on la consolide au fur et à mesure (béton). Ensuite, on y réalise une virole en béton armé qui acceptera la semelle. 

 

 

 

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