Quelle journée ... particulière, hier!
Levé de bonne heure, j'ai réglé d'abord des problèmes administratifs semi-urgents. Depuis ma formation très enrichissante (pour moi) en unité de soins intensifs (1981), je sais pertinemment qu'il n'y a quasiment PAS d'urgence vraie, mais par contre beaucoup de gens pressés. Cet épisode meurtrier (pour eux cette fois) de ma carrière me l'a prouvé à foison.
Ensuite, je suis allé chercher quelques échantillons dans le stock de Corneilla, et enfin, j'ai pris la route de Port-Vendres. Xavier Mahaux, à gauche sur la photo, avait en effet, de fort bonne grâce, dressé une table à mon intention afin que mon visiteur pût m'y interroger et déguster quelques bouteilles en ma compagnie. Au même moment, une équipe de télévision régionale tournait un reportage. Ils ne nous ont pas trop dérangés! J'espère qu'ils n'ont pas non plus brouillé le magnétophone qui tournait.
Pourquoi diable un blogueur (blagueur?) peut-il bien désirer m'interviewer? D'autant que celui-ci m'avait cyber-croisé au gré de commentaires sur un blog que nous fréquentons tous deux. Vous savez que Kant, qui ne le cède en rien à Onfray au niveau de l'hermétisme, nous bassine durant des chapitres et des chapitres avant de concéder que nous sommes bien obligés de postuler l'existence d'un dieu - enfin, ça c'est lui qui le dit mais cela se discute. Eh bien, mon interlocuteur, au bout de 5 heures de conversation à gloutons repus, a fini par m'encourager à écrire un petit ouvrage relatant mon expérience viticole. Tout ça pour cela! Notez qu'il n'est pas le seul. Le seul, par contre, qui ne l'entend pas de cette oreille, c'est moi. Et ceci n'est pas sans importance, vous en conviendrez. Notre quidam, toutefois, qui a un peu trempé dans l'édition et la production "d'oeuvres" vidéo, a jugé bon de préciser "à compte d'auteur", quelquefois qu'un imbécile aurait l'idée saugrenue de vouloir m'éditer. Non, Video killed the oeno-star!
Heureusement, une fois le dictaphone au bout de sa capacité, et pas mal de bêtises énoncées, nous sommes passés à table: le "Menu du Marché" préparé par le chef a suffi à consoler mon convive d'avoir perdu une matinée pour me voir. Je recommande tout particulièrement les anchois préparés par ses soins, qui nous ramènent 30 ans en arrière, du temps de la merveilleuse pêche colliourenque. Cette fois, l'engraulidé provient des fonds rocheux du côté de l'Escala. Toute cette frange de Costa Brava qui comprend Llança, Roses, Estartit, Palamos ... regorge de petits chalutiers à taille humaine et de petits métiers qui ramènent des prises de qualité. Le thon rouge, lui, qu'on trouve bien chez nous pour l"instant, est pris à la ligne du côté de Saint-Jean-de-Luz. La direction n'a pas sourcillé non plus quand mon compagnon de table a souhaité continuer mes bouteilles avec le repas. Dans toutes les régions viticoles que je connais, cela va de soi. En pays catalan, cela ne se fait pas trop.
On n'a pas le droit de pousser le bouchon trop loin !
Merci à la direction.
J'ai mérité de la patrie après ces efforts relationnels et me suis donc ... mis au lit en rentrant, le soleil déclinant de cette fin d'été ayant pris soin de ma nuque durant l'heure de temps qu'avait duré mon chemin du retour, dos à l'ouest.
A mon réveil, j'ai entortillé toute mon attention autour de la baguette de Günter Wand. Vous savez que le Michel limbourgeois de ce blog m'a offert un fabuleux coffret reprenant les enregistrements marquants de ce grand "Dirigent". J'en suis à découvrir sa vision des symphonies de celui qu'on peut sans doute considérer comme le plus grand héritier de Beethoven: oui, Madame Sagan, j'aime Brahms.
En saine logique, j'ai commencé par la 1ère symphonie, l'Opus 68 des puristes. L'enregistrement eut lieu en avril 1996 à Hambourg, avec l'orchestre de la NDR. Ce premier mouvement qui atteste que Ludwig n'était pas vraiment mort en 1870 (!) est impressionnant de majesté. Si les Walkyries "vous font envahir la Pologne", ici, notre Johannes vous propulse au Deutsches Eck, tout droit au pied du monument de Schmitz, entre Rhin et Moselle. Quelle puissance sereine! Le deuxième mouvement, lui, c'est Peer Gynt, ou bien Pierre et le loup, tout en légèreté. Le troisième file en trois coups de cuillère à pot: "J'ai perdu le do de ma clarinette ...". Et enfin, la resucée de " l'Ode an die Freude", avec son thème envoûtant, et aussi ce passage du "Cor des Alpes", vous met le cortex temporal en alerte maximale. Le petit caisson des basses, en soutien à mes Nikita, vous fait aussi sentir tout ce que les violoncelles et les contrebasses sortent de leurs archets, tout ce que les bassons et contrebasson, et les timbales aussi, ont encore in petto!
Oui, oui, oui, comme cela, qu'est-ce qu'on aime Brahms!
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