Trente-six ans après les massacres,
jour pour jour,
un autre devoir de mémoire ...
Que ce soit sous une kippa ou sous un kéfieh, sous un fès ou un madras, sous un turban ou un pakoul, quand des têtes innocentes tombent, c'est l'humanité entière qui en porte la honte, surtout si elle SAIT.
Je n'ai pas un seul ami musulman, ni même un bon copain. Pourtant, j'ai rencontré beaucoup de Musulmans sympathiques et en croise presque tous les jours ici, dans ma vie de tous les jours. J'ai eu des vendangeurs de cette confession. Avantage, on ne leur donne même pas de ration de vin quotidienne!
Je n'ai jamais parlé à un Palestinien - que je sache -, ni à un Syrien, ni à un Irakien. J'ai soigné des Lybiens, par contre. En 1984, la Belgique avait un accord médical avec le régime de Kadhafi et j'ai dialysé des pauvres bougres ayant échappé au combat. Je me souviens de l'un d'eux arrivé comme mort de Zaventem sur un brancard, un énorme anévrisme artério-veineux au pli du coude, purulent. Il divaguait. Quelques jours plus tard, revenu à lui - l'urémie n'améliore pas l'état général - grâce à des épurations plus efficaces que sur un champ de bataille, il m'a fait un sourire et a prononcé le seul mot d'anglais qu'il connût: Thank you!
J'ai rencontré beaucoup de Libanais, tous des intellectuels, tous des Chrétiens.
Et la moitié au moins de mes amis et de mes bons copains sont Juifs.
Voilà pour ma neutralité, pour mon ... racisme, ma xénophobie.
Bachir Gemayel a été assassiné le 14 septembre 1982. Chef de la milice chrétienne, il s'était opposé à celles de Yasser Arafat, bien sûr, mais aussi aux "tigres" de Frangié et Chamoun. Sous sa gouvernance, les phalangistes ont notamment commis le sinistre "samedi noir". Bref, ce n'est assurément pas un tendre. Mais les Yankees voient en lui un interlocuteur acceptable, d'autant qu'il prône le dialogue avec les Arabes et se met aussi d'accord avec Sharon et les siens pour chasser les Palestiniens hors de son pays. Fort de ce soutien multilatéral, il devient président. Mais on le liquide (un Chrétien) avant sa prestation de serment.
Ceci servit de prétexte pour laisser faire les milices phalangistes, agissant avec la complicité de Tsahal. Les premières reçurent pour mission d'aller "pêcher" les combattants de l'OLP dans le quartier de Sabra à Beyrouth ouest et dans le camp de réfugiés de Chatila. Ils ne rencontrèrent aucune résistance du 16 au 18 septembre et massacrèrent à loisir toute la population civile de la zone. Caedite omnes ... on connaît la chanson aussi chez les soldats de la chrétienté.
On ne sait pas exactement le nombre de morts: quelques centaines pour les "Occidentaux", plus de 3.000 d'après les Palestiniens. Même la commission d'enquête dépêchée ad hoc par Tel Aviv a dû reconnaître la "légèreté" de son commandement. Je ne suis pas historien.
Mais le monde occidental entier savait: ni les catholiques, ni les évangélistes, ni les israélites, ni les fascistes ni les gauchistes, pourtant tous informés par les innombrables correspondants de guerre, n'ont rien fait pour empêcher cette tuerie. Moi non plus, d'accord.
Pour Treblinka et Birkenau, toute la Pologne et tout le Reich savaient, et l'Occident aussi dès l'été 1942 (rapport Gerstein). Et on n'a pas fait grand chose.
Et à Gaza maintenant, et en Cisjordanie dans une moindre mesure, nous savons tous ce qui se passe.
Idem dans la province d'Idlib pour le moment.
Les méchants et les gentils sont parfois difficiles à définir, parfois.
Et certaines victimes d'hier reproduisent sur les autres les atrocités dont elles furent accablées jadis.
Et toujours, toujours: Gott mit uns, With God on our side, Novit Deus qui sunt ejus, Immânû 'él ...
Vous le croyez, vous, qu'il est infiniment bon et infiniment puissant?
Putain, 36 ans déjà.
J'étais tout jeune médecin.
Et tout continue comme avant, là-bas ...
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