Inauguration ...
Ce cliché était le premier dans le temps où je me fusse servi d'un très grand angle posé à proximité, ou carrément sur, la table de restaurant et d'un retardateur, pour réaliser le concurrent le plus sérieux au "selfie" à la con.
Je n'y vois que des avantages, et notamment celui d'escamoter le bide à Léon.
Sylvain Joffre, Christine l'avait spotté alors qu'il officiait encore avec son frère, le mousquetaire du "Dardagna(n) de Rangueil". On savait qu'il avait fait un très long "stage" chez Michel Bras (quatre ans!). Mais c'est déjà à Quint que leur rencontre initiale avait eu lieu. Que de chemin parcouru ensemble depuis lors, et notamment ma soirée d'anniversaire en 2014! Voilà, selon moi, une des toutes bonnes tables du Sud-Ouest, alors que cette région de France en compte beaucoup. Mais un restaurant, si c'est d'abord un chef, c'est aussi une équipe derrière lui, ou, mieux encore, avec lui. Et la plus grande réussite de Sylvain Joffre, c'est sans doute d'avoir su fédérer son clan. Trois couples servent de poutrelle à l'établissement, un peu comme la charpente soutient leur belle véranda toute lumineuse.
Beaucoup d'établissements, pourtant de qualité, se maintiennent grâce à une publicité bien menée, cherchant à remplir et encore à remplir. C'est d'ailleurs à leur honneur: la restauration est un milieu de gens courageux qui ne comptent ni leurs heures ni leurs efforts. A l'inverse, chez En Pleine Nature, c'est Plein tout le temps, par Nature.
Le samedi matin, jour de marché devant la mairie de plus pur style stalinien, on n'entend pas Georges Marchais interpeller sa Liliane mais bien le boniment d'un brasseur, d'un apiculteur ou d'un vigneron - parfois c'est nous - à qui le restaurant offre un podium pour présenter leur production aux badauds. La boulangerie (feu alimenté au bois) est ouverte également. Pourtant, l'enseigne ferme samedi, dimanche et lundi. Le personnel bosse dur pendant la semaine et le service est impeccable, mais la vie privée compte aussi, et la famille.
Jeudi midi, de manière imprévue, nous avons glissé un petit intermède gastro entre deux dégustations et une livraison toulousaine. Le Mauzac (Plageoles bien sûr) a servi d'apéro et hop, la formule étendue (terre ET mer) a fait du mal à ma glycémie mais du bien à mon moral.
La cuisine, ouverte, accueille généralement trois personnes, mais c'est Shiva qui y travaille: il y a des mains partout (24 au total si je compte bien). En salle par contre, c'est Alexandre & his boys (ou girls, t'énerve pas, Schiappa). Lui sélectionne nos vins depuis bien bon 5 ans et ça change tout le temps. Du coup, on a pris rendez-vous pour le lendemain, entre le petit goûter de cinq heures et l'avant-repas du soir, pour une dégustation impromptue mais extensive avec notre homme, ses stagiaires, les épouses présentes et les autres membres du personnel en fonction de leur disponibilité. Je précise que ni Ionesco ni Beethoven ne sont passés nous voir; ils auraient été les bienvenus cependant. Une (très) grosse demi-douzaine de vins y sont passés. Résultat: en pleine période de champignons, et avec le gibier à suivre, c'est la version évoluée (2014) de la Cuvée Civale qui vous sera présentée, profitant de l'évolution finement oxydative (noisette) de son macabeu, et surtout notre Cuvée Miquelet 2005, une caresse de tanins soyeux après un fruit très frais en dépit de ses 13 années d'âge. La fusion de vins évolués et d'une cuisine très moderne, sur la fraîcheur et les équilibres acides, m'enchante. Je suis parfois lassé de ne pouvoir boire que des vins pré-pubères où seul le bouquet variétal ressort dans les restaurants inspirés. Un Châteauneuf de 2017 ou encore un Bressandes 2019 (joke), je ne vois pas l'intérêt.
On a bien fait de parcourir avec joie les cinq lieues qui nous séparaient du Capitole*!
*: vous connaissez les "joies du Capitole" !
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