Soleil dans les yeux ==> on cligne
Soleil dans les ventres ==> on se régale
Soley soley ==> Middle of the Road
Vous connaissez les fameuses "blagues d'altistes".
Elles ont donné naissance à la réputation peu flatteuse des joueurs d'alto.
Au hasard:
. Comment éviter qu'on vous vole votre violon?
- Remisez-le dans une boîte à alto ....
. Trouvez le point commun entre l'éclair et les doigts d'un altiste
- Ils ne finissent jamais deux fois au même endroit ...
. Expliquez la différence entre un violon et un alto
- Un alto brûle plus longtemps et un alto peut contenir plus de bière, mais par contre il est possible
d'accorder un violon ...
Oui, c'est bête et méchant. En outre, écoutez Dmitry Shebalin interpréter les quatuors à cordes de Chostakovitch avec le Borodin Quartet (des débuts) pour vous convaincre du contraire.
De toute façon, l'Alto dont c'est-y que moi je vous cause, il doit ses qualités ici à la personne qui se trouve ...
au piano!
Mais laissez-moi prendre mon histoire par le bon bout, comme une clarinette par son bec ou par son ... do(s).
Il était une fois - dit la légende mais je pense que, comme toutes les jolies histoires, elle repose sur un fond de vérité - un professeur de l'Education Nationale qui s'était lancé "dans les affaires" - terme consacré - et y avait rencontré le succès. C'était bien avant que M. Macron n'ait instauré sa théorie de la traversée de la rue pour trouver sa voie. Et un jour, lampe d'Aladdin ou intuition, il se rendit propriétaire d'un domaine un peu reculé entre Tarn-et-Garonne et Haute-Garonne, là où la plaine alluviale du Tarn hésite à devenir Lauragais ou à se faire Montagne Noire.
Nous avons vu le bien - des indiscrétions frontonnaises avaient mis les puces à nos orteils - à sa phase de restauration, au travers des grilles de l'enceinte. Il y a un bon mois, nous avons enfin eu confirmation des rumeurs: Gérald Garcia, l'estimable chef qui avait donné ses heures de gloire à l'Hostellerie de la Pomarède (étoilé Michelin pendant une dizaine d'années) avait pris possession des fourneaux. Je vous ai déjà raconté 1000 fois l'anecdote et ne vais pas recommencer, mais ma Christine, une "Civale" - mais aussi partiellement Gleizes, vous connaissez tous le "full des as par les dames" - a eu un grand-père (par alliance) prénommé Lucien, qui est le grand-père par le sang ... de la famille Garcia, c'est-à-dire du chef.
Les deux "petits-enfants" ont donc repris contact, après que j'eusse moi-même téléphoné au chef de salle et nous avons fixé rendez-vous sur place: visite des lieux, dégustation, brève présentation au propriétaire ...
Entretemps, un nouveau client toulousain, homme de médecine de son état, que je suis allé livrer (entre deux examens) dans une clinique de la périphérie, m'avait expliqué qu'il était, lui, déjà allé tester la nouvelle table - il connaissait l'ancienne - et que, à son grand bonheur, il avait retrouvé le même plaisir.
Il ne nous en fallait pas plus.
Mon frère est arrivé hier, moi j'ai 62 ans ce samedi, Christine avait enregistré une première commande qui restait à livrer et Alison, notre chevrière adorée, habite à 20 kilomètres de là. Nous avons donc fait à nous quatre un large bout de mon "repas d'anniversaire" à Villemur-sur-Tarn.
La salle, je vous l'ai montrée ICI. Et l'assiette est égale à elle-même: les produits sont locaux et de premier choix, la présentation est soignée, les recettes déclinent avec originalité les plats qu'on aime. Bien sûr, elles proposent des errances le long de la route, des détours par rapport à la ligne droite, des écoles buissonnières sur les chemins de traverse - c'est pour cela qu'on s'installe à la table d'un vrai chef - mais elles restent scotchées au goût initial. Je vous avoue que les assiettes qui déstructurent tout, qui changent les couleurs et les textures, qui vous font avaler pommade après pommade, ce n'est pas mon truc. Je ne suis pas assez subtil, sans doute, ni éduqué, pour cela ... ou tout simplement pas assez snob et futile. A vous de juger.
Ce midi, la coquille Saint-Jacques, bien typée mollusque, était entourée d'une lamelle de magret fumé et trônait dans trois ou quatre -- pommades justement, mais posées en goutte, comme accessoire au plat, pas comme sa raison d'être. Succulent, très goûteux, comme le verdanel de Cahuzac-sur-Vère qui nous a accompagnés.
Ensuite, oui je sais, c'est fréquent dans mes récits, c'est encore un pauvre colombidé qui a fait les frais de mon non-véganisme. Il faut dire que l'élevage du Mont-Royal n'est pas loin et que le sacrifice au masque me paraît une belle mort pour un pigeon de bouche. Christine et moi le mangeons très peu cuit. On nous l'a annoncé "à la façon d'un(e) tajine". L'assiette vous est portée avec un couvercle en verre surmonté d'un col ouvert (un couvercle à tajine, mais pas en terre cuite: il ne vient pas de chez Not, et pas non plus de Ouarzazate). Après l'éviction de cette cloche: ... parfums! Un fond de petite semoule - oui, je sais, c'est plus couscous que tajine - joue le rôle de féculent, c'est le fenouil et la carotte qui tiennent compagnie au pigeon, servi mi-désossé (voir plus bas) et ce que vous ne trouvez pas dans l'assiette, vous l'avez dans la pastilla qui couronne le tout. On oscille entre les arômes de garrigue, le ras-el-hanout, les graines de cumin (fenouil?) et le harissa: profumato con brio ma non troppo, dit la partition.
Mi-désossé: le "filet" est libéré du coffre, donc pas de chipotage, mais l'aileron reste attaché. Une aile vous est également fournie, pour le fun (à sucer). Par contre, pilon et contre-pilon se sont évanouis. Ben oui, da, il faut bien de la chair pour la pastilla! Donc, on peut AUSSI se salir les doigts, comme des grands.
Pour une fois, je ferai un geste d'apaisement envers mon diabétologue: dessert figue pour les uns (dont un parfait à la figue ... parfaitement parfait) et chocolat TRES chocolaté pour une autre (slurp).
Je vais vous dire: nous servions la "Table des Dominicains" sur les hauts de Montauban,
mais cette étoile - la seule du département - n'a pas duré beaucoup plus que la saison des asperges.
Si bibendum* cherche des idées, je pense que c'est par-là qu'il doit mener ses baudruches à présent.
*: j'avoue que les aventures du "Chief-Inspector Clouseau" m'ont toujours plus intéressé que celles
des inspecteurs du guide rouge, même si je reconnais que ce petit "plus" ne fait pas de tort.
Write a comment