Madame Jouve ... toute une histoire.
Lors de mon premier séjour en Bandolie, hébergé par la famille Pascal au Plan-du-Castellet, qui sont devenus des amis assez rapidement, c'est Jean-Marie Peyraud (Dom. Tempier) qui m'a confié une petite liste de domaines "à voir en priorité". Je pense qu'il s'agissait de l'automne 1987. Il m'a aussi donné un secret de polichinelle: "On mange bien chez M. Jullien à Mondragon". Le futur lui a donné raison.
Madame Jouve, adorable mamie qui venait d'abandonner des activités de gestion d'établissements hospitaliers pour se consacrer entièrement au domaine hérité de famille, dans la partie argileuse du bas de la Cadière d'Azur, m'a immédiatement pris en amitié. Moi, je l'adore et les vins que son caviste, jean-Marie, élaborait sous sa direction ont fait immédiatement "tilt".
J'ai certainement possédé 15 millésimes en cave en périphérie bruxelloise, du temps de ma splendeur. A un moment donné, des cambrioleurs ont fait main basse sur ses vieux millésimes à elle et j'ai pu - oh, modestement - la réapprovisionner un peu.
Madame Jouve et son mari n'ont pas de descendant direct. Si Esculape et la Santé Publique m'avaient traité mieux, et que j'eusse été riche, j'aurais aimé acquérir ce domaine et y collaborer avec le caviste en place, compétent et agréable de contact. Personne n'en a jamais rien su: un hectare de vigne peut valoir plus de 100.000 euros, sur l'appellation Bandol! De même (for the same token), mes amis Michel et William avaient évoqué l'idée de racheter La Guimonière à M. Doucet avant que l'abominable Lenôtre ne s'en emparât, et de m'en confier la cave. Mais je n'étais pas mûr et cela ne s'est pas fait.
No regrets, quoique ...
(C'est la voix de Lucinda Williams qui ponctue ces pensées nostalgiques, courtesy of Charles Lloyd.)
Le millésime 1991 a été un des plus difficiles - lisez "mauvais" - à Bandol de ces 50 dernières années.
Il faut remonter à 1984 pour voir pire et aussi à 1977 et 1992.
Mais, la Loute est née en janvier de cette année-là.
Je possède donc des 1991 du Galantin, de la Vivonne, de Tempier, de la Tour-du-Bon, de Lafran-Veyrolles, de JP Gaussen (encore appelé Noblesse en ce temps-là), de Pibarnon, bien souvent en magnum pour la plupart d'entre eux.
Ce midi, j'ai décanté un LV 1991 "longue garde" (75 cl), primé à la fête du millésime et contenant une très large majorité de mourvèdre. Le bouchon est venu en 100.000 morceaux et il m'a fallu transvaser le vin trois fois au travers d'un filtre à Porto pour l'avoir clair dans la carafe.
La robe était encore d'un noir légèrement marron, splendide après 27 ans (comme ma fille).
Le nez: - "Un vieux vin, a dit Christine, sans doute du mourvèdre" - a mis quelque temps à abandonner ses côtés de torchon humide et de barrique pas nette, mais est devenu très droit par la suite.
En bouche, c'est du velours!
Un grand bravo à Jean-Marie d'avoir élaboré cela au départ de vendange de 1991.
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