TOUTES LES FUSIONS / L'EFFUSION DE SES 80 ANS

 

 

 

 

 

 

 

Charles Lloyd est du mois de mars 1938.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Quelle carrière hallucinante pour ce sang-mêlé qui possède de l'amérindien, du black d'Afrique, du mongol et de l'irlandais dans son ADN. Il joue principalement du ténor et de la flûte, mais aussi volontiers de l'alto et du tarogato, une espèce de hautbois à une seule anche (une clarinette donc, sauf que la perce est conique) d'origine hongroise.

 

On l'avait présenté comme l'héritier artistique de Coltrane (même phrasé, même distorsion, mêmes variations à l'infini) et puis, il a interrompu sa carrière d'instrumentiste à de nombreuses reprises, pour diriger celle des autres, et ensuite la reprendre en de nombreuses occasions. Je l'ai suivi lors d'un spectacle à Marciac où son ensemble comprenait une Geri Allen en état de grâce. Il est devenu, avec tout le groupe, son humble side-man d'un soir, presque un spectateur sur scène de cette géniale pianiste.

 

Il y a moins d'un an, je vous faisais la revue de son album précédent dans lequel il revisitait certains de ses propres standards, déjà accompagné de Reuben Rogers et d'Eric Harland.

 

A présent, âgé de quatre-vingts ans, il sort un CD de dix titres, dont la moitié mettent en valeur une chanteuse de folk/country américaine très peu connue en dehors des States: Lucinda Williams. Drôle de nana, qui tient à la fois de Chrissie Hynde, de Janis Joplin, de Marianne Faithful, de Patti Smith, de Bono, de Joe Cocker et d'Arno. Elle a la dégaine des uns, l'éraillement des autres, et les séquelles d'intoxication de l'ensemble d'entre eux! 

 

Le souffle de l'homme de Memphis est intact et son sens du "jouer ensemble" également. Bill Frisell est aussi à l'aise avec lui qu'il a pu l'être avec Lovano et Paul Motian jadis. Et cela "marche" entre son be-bop (et post be-bop) et la musique plus "légère" de la chanteuse. Les puristes refuseront le manque de frontière, moi c'est justement ce glissement d'un genre à l'autre qui me plaît. 

 

J'ai découvert la galette hier, jusqu'à ce que Christine aille se mettre au lit. A partir de ce moment-là, les db doivent chuter - je loge chez l'habitante - et je ne peux plus apprécier que de la musique d'ascenseur, curseur au minimum et sub-woofer éteint. J'ai d'emblée accroché et la prise de son est parfaite: très chaude, instruments bien en avant et signal élevé. Les bruits mécaniques des instruments et des musiciens me plaisent toujours, cela fait "live". 

 

Album à découvrir: inventivité et subtilité garanties d'un jeune homme de 80 ans! 

 

 

 

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