AVEC LA LOUTE LONLAINE

 

 

 

 

 

 

Pas vilaine du tout,

avec ou sans sabots

 

 

 

 

 

 

Une institution gastronomique belge fête ses 65 ans d'existence avec un menu à prix "démocratique", donnant ainsi l'occasion à certains nostalgiques de replonger le nez dans des assiettes qui sentent la madeleine de Proust.

 

Non, je ne vous ferai pas croire qu'on peut en faire pour autant sa cantine habituelle, même si le voiturier gare habilement votre vieux pick-up cabossé entre six "Range" flambant neuves et rutilantes, sans doute jamais sorties du bitume.

 

L'entrée n'a pas changé, sauf que le rideau de la penderie qui sert de vestiaire a remplacé l'armoire où pendaient jadis vestons et cravates que l'on vous prêtait si vous ne correspondiez pas au dress-code en vigueur; ça m'est arrivé. Ensuite, vous traversez à présent la "zone brasserie", pleine à craquer, avant d'atteindre le bar-fumoir (où on ne peut heureusement plus fumer) aux fauteuils clubs accueillants. Et la terrasse, fort remaniée, n'accueille plus les rangées de nappes de jadis, alignées au cordeau, mais une artistique ordonnance de tables disposées loin les unes des autres. 

 

On a réservé à ma fille (et à moi), la plus belle d'entre elles: en tête-à-tête au beau milieu de la salle, avec vue sur l'extérieur. 

 

Nous ne devons plus nous occuper de rien, le service est stylé et parfait. Un chef de rang très sympathique, suffisamment proche sans jouer au pote, écoute mes anecdotes de jadis et y répond. Il faut dire qu'ils ne sont pas débordés ce midi-là dans la partie gastro. Et la sommelière, extrêmement aimable, n'a pas arrêté de remplir mon verre, bizarrement toujours vide malgré sa sollicitude attentive. Allez comprendre.

 

Mises en bouche exquises, dont une mince feuille de terrine/carpaccio de poulpe et on termine le Cheverny proposé à l'apéro (petite coupe pour ma fille qui aime les bulles). 

 

Connaissez-vous l'obsiblue

Moi oui ... à présent. Un lagon inscrit au patrimoine de l'humanité (donc bien pistonné), en Nouvelle-Calédonie, permet l'élevage et la pêche de moins de 100 tonnes par an de cette crevette à la chair naturellement bleuâtre, contrairement aux vieilles pratiques de l'hôpital, et au goût subtil. Elle nous a été servie sous la forme d'un tartare mélangé à un appareil fait de bonite, de radis amer et de coriandre. Fantastique entrée. Très bon blanc de la région de Valencia, chardonnay/viognier sans lourdeur.

 

Le plat, plus classique, était préparé avec précision: du Saint-Pierre présenté en filet cuisson vapeur avec toutes ses clés et une guirlande de trompettes de la mort et des éclats de seiche. C'est le furmint de chez Oremus qui l'a abondamment arrosé.  

 

Curieux dessert: sur une base de gâteau basque - c'est à la mode pour le moment - une compotée de pommes accompagne son sorbet. C'est bon mais le pâtissier ne s'est pas donné trop de mal. Ma fille a laissé le biscuit sur l'assiette (sec). Par contre, le coin du froid se rattrape avec les mignardises et surtout avec une madeleine traitée comme un financier: on fait roussir un peu les bords dans du beurre noisette et on saupoudre d'amande pilée très finement. Ca, c'est réellement exquis. Après avoir fait de l'oeil au stagiaire (oh!), j'en ai reçu quatre. 

 

Bilan: une Loute enchantée et un père comblé revenu sur le lieu de ses excès culinaires d'antan, à l'époque de Bobonne. Cette très belle maison a gardé tout son standing et l'équipe de salle est parfaite. Mais moi, je m'arrangerais pour que les dîneurs ne doivent pas traverser l'autre salle avant de s'installer. Yaka.

 

L'ombre brugeoise de Freddy Vandecasserie et l'accueil tout en douceur du regretté Henry Van Ranst

semblent encore hanter l'orée du bois de la Cambre là où il devient forêt de Soignes. Tant mieux.

 

 

 

 

 

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Comments: 1
  • #1

    Marc (Monday, 19 November 2018 23:05)

    E viva viva