Tout a commencé ainsi,
le 15 au soir.
Oui, il manque la circonstance de lieu pour faire une intro parfaite. C'est ça, l'imprévu artistique.
J'aurais pu ajouter: "à Sainte-Marie-Geest, faubourg de Jodoigne", le bon Gustave me le pardonne.
Dès le lendemain, les "non-Charlier" de cette photo allaient accueillir leurs vignerons à la rue de Flandre, au Repaire du Sommelier. Pour l'heure, ils m'ont invité dans la salle tenue par la "Charlier" de cette illustration, qui sert de théâtre à la fine cuisine de Stéphane Lefebvre. Je vous en reparlerai. J'insiste sur ma concordance des temps, baroque mais précise. La partie gourmande de cette partition est chiffrée comme un ostinato.
Parmi les exposants, qui tous respectent leurs racines (!), j'ai d'abord eu le plaisir d'embrasser Patricia, l'animatrice légendaire du Clos Centeilles, qui joue un peu le rôle d'un Robert Plageoles pour le piémont cévenol, car la Montagne Noire en est le bout; plaisir doublé par celui de plonger mes lèvres dans son Carignanissime.
Ensuite, connaissez-vous Ancenis? Non, pas le Mont Cenis: un petit bout de vigne rouge (gamay) perdue au milieu du Muscadet. C'est ici que Rémi Sédès, agronome déraillé des aiguillages du droit chemin, a posé ses basques et vinifie à présent des cuvées très personnelles. J'ai rencontré son Noé, d'une belle arch(e)itecture, ainsi que Trait Gamay, qui fait allusion aux percherons constituant ses partenaires de travail. J'ai aussi rencontré sa psychologue de femme, une personnalité riche ... à cheval sur le mental intello et le rustique terrien.
Oui, il y a moyen de concilier la vie de la campagne et les préoccupations citadines d'une compagne.
Venu de nulle part (Castillon), le Tubizien Jean Voogt (Ch. Brandeau) se bat contre le "Bordeaux-bashing" avec la même constance que moi-même je mène ma croisade face aux tenants du liège. J'ai dégusté avec lui un joli assemblage merlot/cabernet franc (20%) aux tanins présents mais plaisants. Une autre bouteille, plus construite celle-là, trahissait encore un peu trop son bois à mon goût. Mais le temps devrait éliminer cet aspect aromatique que je ne recherche pas à tout prix.
Eichoffen, c'est ce village bas-rhinois coincé entre Mittelbergheim, Andlau, Epfig et Ittersviller que je connais par coeur. Il n'a pas eu son soir de bataille. J'y ai toutefois promené d'abord un premier cocker, puis deux autres, et enfin très fréquemment Nelson, feu mon setter Gordon adoré. Je n'ai cependant pas voulu abattre mes cartes devant Louis, la dernière génération en date d'une lignée de vignerons dans la famille Maurer. Mais les Selz, Gilg, Wantz, Boeckel, les Kreydenweiss, Wach, Gresser, les Ostertag, les Klipfel, je connais. Je fréquente le Winstub Gilg depuis que j'ai 16 ans. Et c'est chez Beyler à Barr que je suis allé acheter mon Vasselin-Bücher d'occasion, lorsque je me suis installé dans l'Agly.
Le gewurztraminer, tout particulièrement, qu'élabore notre jeune homme, m'a tout-à-fait convaincu.
Alain Drillat, vous croisez ses commentaires sur de nombreux blogs de vin, dont le mien. Cet universitaire originaire du coin de Chapareillan était ami de "Nano", son conscrit. Et ce dernier est le père de Thomas, le jeune homme rieur et sympathique aux boucles blondes en bataille que j'ai côtoyé pendant deux jours. Il vinifie en famille les vins du Domaine Blard, sur Apremont et Abymes. Je n'ai eu l'occasion de goûter avec lui que ses jacquères, l'une très citronnée et archi-vive, l'autre plus mûre, plus exotique (mirabelle, mangue) et plus dense: les deux m'ont bien plu. Une tentative de pinot noir sur la légèreté et le fruit possède bien du charme également.
Malheureusement, ces deux journées de découverte ont été gâchées par des groupes de clients qui voulaient absolument déguster les vins d'un domaine viticole très sudiste dont j'ai la charge. Ils m'ont forcé à répondre à leurs questions plutôt que de me laisser vider les quilles des copains. Il y a même une jeune Bordelaise - que faisait-elle ce soir-là près du Vismet de BXL? - aux idées sur l'utilisation de différents types de levures solidement arrêtées, qui a tenté (en vain) de m'asticoter sur le sujet. Haute de ses vingt ans et quelques, elle invoquait son expérience pour tenir un plaidoyer sans compromis en faveur de l'expression originelle du terroir. Ouf!
On s'est quittés bons amis ... de justesse.
Je m'assagis en prenant de l'âge, sans doute amadoué malgré moi par un brin de charme affleurant en filigrane.
Merci à Breza et Christophe de leur accueil, de leur gentillesse sans faille
et merci aux collègues pour l'ambiance cool* qu'ils ont fait régner*.
*: "cool" me paraît par essence adéquat dans un endroit où le jazz s'égrène en permanence au départ de vinyles peu rayés
et les pots de beaujolpif ramènent à Régnié, forcément.
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Michel (Tuesday, 20 November 2018 14:19)
C’etait une activité ouverte au public ?
Charlier Luc (Tuesday, 20 November 2018 14:53)
Oui, Christophe Le Berre a envoyé plus de 1.000 mails à ses clients et en a fait une large publicité au magasin.