DAVID, THIERRY, LUC ET LES AUTRES

 

 

 

 

Voilà un billet de blog

que je pressens jouissif

à écrire.

 

 

 

 

 

 

Un ami de ma grand-mère était directeur d'une banque liégeoise en vue, la banque de Schaetzen, au boulevard d'Avroy. Il possédait trois enfants au caractère fort trempé et dont les vies ressemblent toutes à des romans. La fille parmi eux s'est exclamée un jour: "Vous êtes vraiment des parents détestables", avec l'accent mosan.

 

Les nôtres, de parents, n'y allaient pas non plus par quatre chemins. Ainsi, à l'adolescence, nos copains n'étaient pas les bienvenus au bout du fil, sous le prétexte ridicule que le combiné servait aussi pour les consultations des cabinets parentaux. Les portables n'existaient pas et il était peu courant de disposer de plusieurs lignes chez un particulier. Et je ne vous parle même pas des demoiselles, qu'elles fussent copines ou flirts. Une espèce de jalousie maternelle envers ses poussins, et la peur chevillée au ventre d'une éventuelle paternité - nous étions forcément convoités puisque fils de bourgeois et "brillants" - les rendaient non grata.

 

Un soir que l'une de ces chéries avait bravé les interdits et souhaitait parler à mon frère, elle s'entendit éconduire avec en plus une question à la clé: "Vous êtes la petite Rousseau, je suppose?". Et bien non, c'était une autre jeune fille en fleur.

Mais la petite Rousseau s'est inscrite ce jour-là dans la geste épique de la famille Charlier, à tout jamais.

 

Moi, je n'avais jamais rencontré Catherine, car c'est d'elle qu'il s'agit. Je ne faisais guère de mystère de mes propres conquêtes car ma vie de jeune adulte me trouvait très tourmenté, jusqu'à ce que Thierry me présentât une de ses camarades de faculté, pour son plus grand malheur à elle. Mais ça, c'est une autre histoire.

Lui par contre, épaules larges, cheveux abondants et vitiligo envahissant toutes les parties de son corps - les femmes se montraient curieuses de cette particularité anatomique, fort à propos pour satisfaire nos desseins conquérants - ne parlait guère de ses contacts. Il ne s'en portait pas plus mal.

 

Et 40 ans de ma vie s'écoulent ...

 

Un soir, un coup de fil d'une certaine Marianne, occupant régulièrement un pied-à-terre dans notre région (je ne vous en dirai pas plus par discrétion), me suggère que j'accueille un petit groupe d'amis belges au domaine pour une dégustation-découverte. Et d'ajouter: "Je suis la soeur de Catherine". J'ai rencontré ainsi l'aînée avant la cadette, et elle m'a offert en passant un client très fidèle et adorable, abondamment pourvu d'un accent lîdjeu joyeusement musical.

 

Il y a quelques années, Thierry avait repris contact avec Catherine, et chacun a pu alors raconter à l'autre le déroulement de son existence. 

 

Moi, j'ai eu la chance de pouvoir fournir toute la famille: le mari de Catherine est britannique et amateur de vin. 

Je l'ai rencontré et nous avons sympathisé on the spot. Sans bien le connaître, il me paraît difficile de ne pas s'entendre avec lui, tant il respire la sérénité et le calme. Ses avis sont modérés et il est très doux dans sa manière de s'exprimer. Un certain Prix Nobel de littérature chante "My love she speaks softly" et plus loin "My love winks, she does not bother. She knows too much to argue or to judge". Oui, Mister Zimmerman, vous trouvez souvent les mots justes pour parler des gens.

 

Mon frère se remet progressivement de problèmes de santé mais n'a pas pu à ce jour reprendre la conduite automobile. Quand je suis dans les parages, j'essaie donc de le véhiculer et de lui faire rencontrer à nouveau tout ce qu'il y avait de réconfortant dans son passé. A la soixantaine, nous faisons tous cela et cette douce nostalgie, proustienne, lusitanienne, langoureuse aussi, met du baume au coeur de l'homme de bien. 

 

La semaine passée, Catherine et David nous ont accueilli chez eux pour un dîner sans chichi:

grand moment de bonheur pour mon frérot que ces retrouvailles.

Je les en remercie de tout coeur.

"Don't think twice, it's alright ..."

 

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Comments: 4
  • #1

    Marianne (Thursday, 22 November 2018 13:59)

    Très belle photo grâce à laquelle j’ai le plaisir de voir Thierry pour la première fois .
    Rien de plus savoureux que ces légendes familiales qui expriment et entretiennent leur cohésion .
    Quoiqu’il en soit je suis heureuse de ces belles retrouvailles !
    Amitié,
    Marianne

  • #2

    luc charlier (Thursday, 22 November 2018 14:22)

    Merci Marianne, on essaiera de réunir ce petit monde dans le sud.

  • #3

    Barry Laker (Tuesday, 04 December 2018 19:31)

    Great to see Thierry :)

  • #4

    Charlier Luc (Tuesday, 04 December 2018 21:41)

    Barry, it'll still going be a while before he can make it to Iceland again, but progress is made. I try to be with him as much as I can (but distance = over 700 miles) and endeavour to publish pictures when I can.