KIKE A KOKSIJDE

 

 

 

 

 

 

Retour dans le passé ...

 

 

 

 

 

 

 

 

Il y a quelques années, Kike avait fait une courte visite-surprise à ma mère dans son fief.

Cette fois, notre réunion fut plus construite et planifiée. Le Michel du Limbourg de ce blog - car nous en avons un dans le Couserans mais aussi un qui va se faire de plus en plus présent en Luberon, vu que la faculté doit à présent se passer du jeune retraité - avait réuni mon frère et ma mère pour un dîner commun à La Panne. Lui-même y fêtait l'armistice de 1918 avec son fils, selon ses dires. La belle raison! Normalement, le dimanche devait nous voir tous ensemble, tant le temps est aux retrouvailles. Mais, soyons clairs, faire coïncider les temps libres de divers actifs débarquant des quatre coins du Plat Pays et de la partie éloignée d'un hexagone avec la vie d'une retraitée très senior et d'un convalescent n'est pas chose aisée.

 

Kike est donc venu présenter sa compagne à ma mère au moment où mon frère se trouvait chez elle, et moi je les y ai rejoints. J'ai longuement téléphoné à Michel, à l'ancienne, à l'autre bout du combiné, sans Skype ni téléconférence.

 

Pourquoi ces détails, m'objecterez-vous? Est-ce encore pollution du net de ma part?

Il me semble, à moi, que beaucoup de cercles d'amis ou de familles resserrent leurs liens personnels pour le moment, alors que, comme nous vieillissons, il est logique qu'un certain nombre d'entre nous nous quittent. Les "progrès" de l'agriculture et de ses pesticides, l'essor du nucléaire, les polluants de l'air et la world-cuisine s'en occupent.

 

Je crois que les sociétés humaines sont en train de relâcher leurs liens directs et que les contacts cybernétiques ne remplacent pas la présence physique, pas plus que le téléphone au moment de son apparition ou même les lettres postales du 19ème siècle. Et nous sommes nombreux à sentir ce manque et à tenter de le combler. En outre, en vieillissant, le regard vers le passé s'attendrit et on le pare de vertus - imaginaires ou réelles - qui n'apparaissaient pas forcément jadis.

 

Après ce préambule, je recolle à mon sujet premier. Kike à un petit dix ans de moins que moi, son père a servi de mentor à un pan intéressant de ma pensée politique - il était un gauchiste non-révolutionnaire très engagé doublé d'un traditionaliste sur le plan éthique - et moi j'ai oscillé entre une figure de grand frère et celle d'un jeune tuteur/moniteur pour lui. Ma mère était parfois son éducatrice, parfois une espèce d'aïeule rigide.

Situation très complexe.

 

Un jour, les "vieux" se sont chamaillés pour ce qui en fait n'était que des bêtises. Cela arrive un peu trop souvent autour de moi. Et ces existences si liées ont connu des évolutions divergentes. Pourtant, c'est en mois qu'il faudrait compter les séjours cumulés de Kike à Coxyde entre 1967 et sa majorité. Je ne pense pas que ses parents y aient jamais mis les pied, car les miens l'emmenaient, mais sa soeur aînée fut souvent du voyage aussi. N'est-ce pas Cat Stevens, devenu Yusuf Islam depuis lors, qui égrenait les notes de "Tell me, where do the children play?"

 

Kike et moi passons à présent des heures, anciens combattants sinon nouveaux cons débattants, à gloser sur ces années lointaines, comme deux rabbis séniles découvrant un Talmud usé porteur des inscriptions de quelques Gueonim inconnus. Notez que ma comparaison vaut également pour un fanatique de Jazz décrivant une photo des ligatures de tel ou tel ténor au festival de Newport anno 1957. Pire encore, peut-être le Grand Rabin de Rhode Island est-il un fana de be-bop? Faudrait demander au Zimm.

 

Mon illustration de la scène (het tafereel, j'aime ce mot) ci-dessus pourrait, sans que je possédasse le même talent, avoir été réalisée par Bosch, Memling ou même le grand Bruegel. Ma mère consulte obstinément son dico, oui son dico, pas Google ni Wiki, perdue dans la quête solitaire d'un mot ou d'une confirmation de son légendaire:"Ca, je suis formelle". Stéphanie, à peine rassurée après les descriptions alarmistes qu'elle avait reçues sur la personnalité de la "Mina du 81", pose une demi-fesse sur le siège et une demi-main sur celle de son "chatillo" - je ne garantis pas l'orthographe dialectale - les yeux cherchant encore un peu de soutien au loin. Et le de cujus (en latin dans mon texte) la couve d'un regard que vous apprécierez.

 

Vous aurez encore droit à ma visite chez le couple à Jodoigne

mais retenez votre souffle, ce sera pour la prochaine fois! 

 

 

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