Quel beau disque!
Ceux qui me lisent régulièrement ont compris que ma semaine bruxelloise "en célibataire" a été tout sauf une semaine en solitaire! Je suis rentré psychologiquement vanné (mais content) après avoir rencontré et discuté avec littéralement des dizaines de gens. Je suis arrivé à glisser une demi-journée gourmande avec ma fille, deux visites à mon petit-fils (et ses parents) et pas mal de proches quand même, dont mon frérot. J'ai malheureusement zappé quelques amis chers par manque de temps.
Le retour fut épique, évitant grâce à la radio - un récepteur FM ayant quitté la vieille Kangoo pour rejoindre le pick-up juste avant mon départ, bien à propos - les barrages contestataires au fil de ma progression vers le sud. Ensuite, grand coup de bol: le seul poste de péage libre entre Valence et la frontière espagnole était ... celui qui mène à LF. Il faut dire que c'est certainement le moins fréquenté aussi, surtout en dehors des mois d'été.
Comme si ces épreuves ne suffisaient pas, j'ai finalisé, avec plaisir mais aussi avec pas mal d'efforts, un envoi groupé vers des clients de longue et ma palette a été construite ce matin de bonne heure, un barrage filtrant m'ayant laissé percoler progressivement vers l'entrepôt sans trop de retard.
("The singing of a sparrow in the sky. The perking of the coffee right nearby ...", Ella, bien sûr).
Le transporteur passe demain à la première heure.
Durant mon séjour au pays natal, je me suis offert deux gros cadeaux: un 135mm d'occasion qui remonte au temps où les objectifs étaient encore construits en métal et où la qualité des lentilles primait. Je l'ai payé moins cher qu'une paire de baskets de marque mais il m'enchante. L'autre cadeau perso fut une visite à "La Boîte à Musique", au Coudenberg, un des seuls disquaires survivant à BXL, et de qualité qui plus est.
J'en suis revenu avec quelques opera (non, pas des opéras, je n'apprécie pas trop l'art lyrique grandiloquent), le pluriel d'opus, qui tournent sous le laser depuis mon retour. On m'a aussi offert le coffret qui résume le récent Concours Reine Elizabeth mais je ne l'ai pas encore déchiffré.
Celui-ci, publié en 2018 chez Harmonia Mundi, met en scène tout ce que j'aime.
C'est du baroque extrême: ces continuo chiffrés si difficiles à bien improviser, l'archet du fantasque et généreux Jean-Guihen Queyras (un disciple de Boulez en son temps), la joie simple d'Antonio Vivaldi, cureton ne disant pas la messe et ayant trimbalé sa tignasse rousse dans toute l'Europe entre sa naissance vénitienne (è naturale) et sa disparition à Vienne (selbstverständlich). Et puis le théorbe, le clavecin, les tuyaux d'orgue ... C'est pour ces sons-là que j'ai craqué devant une paire de Nikita qu'un fourbe vendeur a astucieusement placée devant mes oreilles. Je dois encore rembourser à Christine une partie de leurs carcasses!
Je ne vais pas vous faire l'offense de décrire les 24 plages de ces six sonates, ni le son du violoncelle du soliste, qui n'est pas le vieil instrument italien dont il se sert notamment pour les suites de Bach. Sachez simplement que la fougue de l'interprète s'est appliquée à rendre très mélodieux tout ce parcours, au-delà des aspects saccadés de la partition elle-même et de ses choix d'accompagnement (clavecin et théorbe). On est évidemment très loin des entrelacs du deuxième chant (parfois même du troisième) d'un Bach mais cette musique coule, coule, coule.
Ah, c'est pas du protestant, ça, mon bon Monsieur!
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