On se souvient tous
du film "Gladiators"
aux innombrables
anachronismes.
Le général romain si souvent vainqueur en Germanie est finalement trahi par l'empereur, devient gladiateur et rentre dans sa villa vraisemblablement toscane pour y découvrir sa famille suppliciée par le pouvoir.
Je ne suis nullement cinéphile mais ceci ne signifie pas que de belles images d'action ne puissent impressionner ma mémoire et y gagner leur place.
Bien entendu, la météo de rêve retenue pour le film détonne un peu face au temps grisâtre que l'avant-pays pyrénéen m'offrait ce vendredi. On va faire contre mauvaise fortune bon coeur et se téléporter sous des cieux plus cléments, par le seul pouvoir de l'imagination. Les cyprès italiens (ovviamente) jouent le jeu et facilitent l'illusion.
On sait qu'une propriété agricole de grande taille (> 2.000 acres de l'époque, soit un millier d'hectares) employait environ 500 personnes au milieu du 1er siècle. La pars rustica était installée sur les bords de la Save, tandis que le logement du maître, ou pars urbana, siégeait en son centre. Le mur qui entourait cette entité enfermait un terrain de 18 hectares.
Une crue de la rivière, à ce qu'on croit, mit provisoirement fin à cette prospérité. Mais, au début du 4ème siècle,
d'importants travaux transforment cette ferme en un palais luxueux, muni de deux péristyles suivant des plans gréco-romains.
Redécouverte en 1946 - les locaux savaient pouvoir y trouver quelques fûts de colonne ou quelques éléments de mur si le besoin s'en présentait - les fouilles entreprises (auxquelles notre hôte Michel a pu prêter main forte par après) ont dévoilé ce que j'ai pu admirer moi-même: un vestibule (incomplet), le temple, le nymphée, des atriums et les bâtiments d'habitation. On dénombrait au moins 200 pièces au total, pourvues de tout le confort antique: marbre luxueux, mosaïques de sol, eau courante, chauffage depuis l'hypocauste, thermes caracolants (haha) et esclaves à tous les étages.
J'ai passé une heure de rêve (voir ICI) en ces lieux, seul en dehors du jardinier qui nettoyait demi-dalle après demi-dalle avec discrétion, et accessoirement un balai en genêts. Aucune Bonnemine pour me faire choir du pavensis ostentatus - oui, le scutum, quoi -, aucun barde pour se casser la vox, aucun fâcheux pour troubler la Pax Gallo-romana.
Ensuite, aucune tunica flava n'a mis d'obstacle devant les roues de mon char et, tel un aurige antique, la voie romaine de Novempopulanie m'a reconduit inoffensus jusqu'à ... Cellarium.
Eh oui, c'est bien connu:
"Omnibus profectis, Lucius velociter in Narbonnensem Primam venit."*
*: Comme l'autocar était parti, Luc arriva en Narbonnaise à bicyclette ...
Write a comment